De Gheralta au pays Surma
Carnets de voyages - Afrique - Éthiopie - 23.10.2018
Partez pour un trek inédit en Ethiopie dans la région du Gheralta et une incursion, au sud du pays, en pays Surma.
Je quitte nos montagnes de Savoie pour un nouveau repérage en Ethiopie. C'est à la fois un vrai plaisir - le pays est fantastique - et une nécessité. Il est vrai que mon dernier périple remonte à presque 5 ans. Dans ce laps de temps les infrastructures routières et hôtelières ont évolué et notre équipe de guides éthiopiens francophones s'est étoffée.
Aussi, en tant que créateur de voyages, je me dois d'ajuster à la fois nos circuits existants mais aussi défricher de nouveaux parcours. Ce côté artisanal de la conception d'un voyage et cette connaissance aiguisée du terrain est un volet passionnant de nos métiers.
Addis Abeba, la capitale éthiopienne, est le point d’entrée et un passage incontournable pour tout voyage en Ethiopie. J'y retrouve mon équipe locale, visite de quelques hôtels et m’imprégne de cette grande ville africaine qui est aussi le siège de l’Union Africaine !
Au comptoir, le café est ethiopien évidemment - Addis Abeba
Eglise colorée sur la colline d’Entoto
Marché de Shola, Addis Abeba
Une partie de notre équipe de guides éthiopiens
Mon vol domestique me dépose à Mekele, la capitale régionale du Tigray, à l'extrême nord du pays. La ville ne présente pas un fort intérêt en revanche, c'est la porte d'entrée pour rejoindre la célèbre dépression volcanique du Danakil.
Cette région permet également de rejoindre une région montagneuse moins connue que le Simien mais tout aussi intéressante : le Gheralta. C'est ce massif que je m'apprête à parcourir en traversée.Massif du Gheralta
Il s'agit de la première région christianisée de l'ancienne Abyssinie et, en plus de posséder un patrimoine naturel grandiose, elle abrite de nombreuses églises troglodytes taillées dans la roche. Accessibles uniquement après plusieurs heures de marche sur des sentiers de montagne, c'est le moyen idéal de concilier trois thèmes chers à Tirawa : trek, culture et nature !
Après une visite de l'église de Abreha et Atsbeha, un sanctuaire religieux accessible à tous, je débute mon trek de reconnaissance en compagnie de Zelalem et Gebrehewet, deux de nos guides spécialistes de la marche. Ils ont déjà une connaissance pointue du massif et nous allons valider ensemble l’itinéraire de trek le plus judicieux et le plus esthétique. Le temps m'étant compté, nous avons précisément 2 jours pour réaliser l'intégralité du parcours que nous proposerons en 4 jours sur notre site... Il s'agit donc de ne pas trainer en route.
Notre trek débute par un long passage en crête qui se poursuit jusqu'à la belle église de Yohannes Makudi. L’accès est enserré entre d’étroites parois de grès. Un prêtre nous attend et nous ouvre alors les portes de ce bijou peu visité. L’intérieur abrite des peintures primitives surprenantes inédites dans la région.
Chemin en crête
Accès à l'église de Yohannes Makudi
Intérieur de l'église
En contournant de belles falaises ocre, le sentier se poursuit en descente facile à travers une forêt d’eucalyptus. Une ombre salvatrice - il fait chaud dans la région - et un pique-nique bien mérité nous donnent la force de poursuivre notre ascension de la montagne de Debre Tsion (2297 m d’altitude).Un habitant pose fièrement près de Debre Tsion
Ici, une seconde église perchée attend les visiteurs depuis le XIVe siècle. Elle est dédiée au moine Abouna Abraham et présente une large façade partiellement sculptée et un intérieur richement décoré du sol au plafond.
Nous descendons par le même sentier avant de bifurquer à travers un large canyon menant à un village bordé de beaux spécimens d’euphorbes candélabres et de figuiers de barbarie. Nous découvrons de jolies maisons en pierres sèches à toit plat typique de la région du Tigray. Nous acceptons bien volontiers l'invitation à boire un café traditionnel chez l'habitant...
Mes deux guides seront forts utiles pour faire l'interprète entre cette mère de famille, ses enfants et moi ! Ces immersions dans le quotidien des personnes rencontrées sont de véritables temps forts d'un voyage. On ne peut pas les prévoir car ils perdraient toute authenticité mais il est possible d'orienter un itinéraire pour forcer un peu le destin :) . Rassurez-vous, il n'est pas question non plus de profiter d'une situation et d'imposer l'accueil de nos petits groupes quel que soit le lieu !
Une petite famille accueillanteDans un décor grandiose, dernière étape de marche jusqu’à notre campement idéalement situé sous un gigantesque sycomore et faisant face à une rangée d'aiguilles rocheuses spectaculaire !
Notre 4x4 logistique est déjà là ainsi que notre cuisinier.
Notre camp sous le grand sycomore !
Alors que le soleil enflamme les aiguilles rocheuses de Dasembet, nous poursuivons cette reconnaissance du massif. Nous quittons à pied notre camp pour rejoindre un petit col passant à proximité ces tours effilées.
Aiguilles rocheuses de Dasembet
Nous poursuivons vers le village de Korar et montons progressivement à travers un décor tout en cactus. Les points de vue sur les montagnes environnantes sont superbes. En remontant un plateau, nous continuons notre trek.
Vue plongeanteAprès un passage délicat nécessitant l'usage des mains, nous atteignons la montagne tabulaire du Mont Kemer (2660 m d’altitude), plus haut sommet du Gheralta. Du sommet, la vue à 360° est inoubliable. On découvre en contrebas la montagne de Korkor et ses deux fameuses églises taillées dans la roche que sont Maryam Korkor et Daniel Korkor.
Du côté du Mont Kemer
Passage délicat
Un éleveur fait une pause ombragée... avec vueMon guide m'apprend l'existence d'un sentier alternatif et méconnu menant à ses trésors, avec la possibilité de réaliser un bivouac de rêve à proximité des églises. Le temps nous manque pour réaliser cette variante mais nous l'inclurons sans doute dans nos programmes... Un vrai plus !
Nous poursuivons par un sentier panoramique dominant les aiguilles rocheuses de Guh avant d'emprunter un chemin en balcon dominant de très belles falaises ocre.
Notre trek emprunte maintenant un chemin rocailleux puis sablonneux jusqu’au village d’Agoza (2050 m). Un lieu propice à nombreuses rencontres avec des villageois et surtout des enfants peu habitués à voir des étrangers dans ce secteur isolé…
Village d’Agoza
Enfants curieuxAyant pris l'option de doubler nos étapes de trek, ce n'est pas ici que nous dormirons ce soir, il faut poursuivre à présent ! Par un sentier panoramique en balcon, la vue est très belle et nous apercevons en contrebas les aiguilles effilées de Tewelehe. Au loin, nous distinguons le village de Koraro qui nous atteindrons en fin de journée.
Travaux des champsEntre Agoza et Abuna Gebre MikaelAiguilles de Tewelehe
Au détour du sentier, nous faisons la rencontre d’un couple habitant la seule maison du secteur. Un coin particulièrement isolé situé sur un plateau intermédiaire entre les barres rocheuses. C’est pour nous une nouvelle occasion de déguster un café traditionnel éthiopien mais aussi de goûter au fameux injera (sorte de grande crêpe à base de farine de tef). Son amertume et sa légère acidité contrastent merveilleusement avec les sauces relevées qui l’accompagnent.
Injera
En passant à proximité de milliers de cactus, nous poursuivons sur un sentier étroit dominé par d’immenses falaises rouges. En contournant le cirque de Daba Amssalu, nous arrivons au village d'Abuna Gebre Mikael. Accompagnés du prêtre, nous visitons une belle église troglodytique taillée dans un éperon rocheux et abritant de jolies fresques aux couleurs éclatantes.
On devine l'église d’Abuna Gebre MikaelDernière étape de descente, avec un court passage dans une faille avant notre d’atteindre notre bivouac à l’aplomb de l’impressionnante falaise de Koraro.
Le bilan cette reconnaissance est plus que positif car ce trek du Gheralta en traversée est exceptionnel. Vous le retrouverez dans deux de nos voyages en Ethiopie :
Lalibela, Tigray et Erta Ale et Montagnes d'Ethiopie.
J’ai poursuivi ma prospection dans les environs avec d’autres trésors du Tigray enfouis dans les massifs montagneux d’Abbi Adi et de l’Atsbi. Les possibilités sont vraiment nombreuses, autant de nouvelles idées pour de futurs programmes !
Eglise-monastère de Gabriel Wukien
Eglise rupestre d’Abba Yohanni
Le prêtre nous accueilleInterieur d’Abba Yohanni
Le village d'Atsbi et son marché du samedi
Eglise Mikael Debre Salam et environ
Eglise Mikael Imba perché en haut d'une montagne tabulaire
Après une petite semaine dans le nord du pays, je quitte à regret cette région attachante du Tigray pour rejoindre à présent l’extrême sud, sur la rive ouest de la vallée de l’Omo. L’objectif de cette seconde partie est de réfléchir aux possibilités d’un nouveau programme avec un point d’orgue un trek chez les Surma, ethnie pastorale, lointains cousins des célèbres Mursi. Un projet à moyen terme puisque actuellement la situation en terme de sécurité s’est un peu dégradée. Dommage.
Voici pêle-mêle quelques photos montrant les différentes ambiances d’un futur voyage à la rencontre de cette ethnie du Sud.
Bienvenue en pays Surma
Changement de décor nettement plus luxuriant et vert que dans le Nord du pays
Notre camp de base
Certaines femmes portent un plateau labial à l'instar des Mursi
Jeu local
Ornements plus créatifs les uns que les autres, arborés par les jeunes filles, commes les jeunes hommes.
Cascade de Silisili à proximité du village de MajiHabitat traditionnelDes colobes ont élu domicile aux abords des plantations
Wush Wush et ses plantations de thé
Mon voyage de reconnaissance en Ethiopie se termine déjà et je ne peux que conseiller au voyageur curieux ou en recherche d’un pays atypique en marge du tourisme de masse de découvrir l’Ethiopie !
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