Horizon : Le Mag' de Tirawa

Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Un monde plus grand

Un monde plus grand

Un monde plus grand écrit par Muriel FAURE :  Le Mag' de Tirawa

Coup de coeur rédigé par Muriel FAURE

Un monde plus grand

Retour sur ce film sorti en octobre 2019, un film intense et bouleversant avec Cécile de France en tête d’affiche. Un véritable coup de cœur cinématographique pour Tirawa.

Réalisé par Fabienne Berthaud, "Un monde plus grand" reprend le récit autobiographique de Corine Sombrun, initiée par des chamanes lors d'un séjour en Mongolie. Naraa Dash, femme mongole dont l’histoire singulière est digne des meilleurs romans, est celle qui a conduit en 2001 Corine vers son destin chamanique. Amie de Tirawa, Naraa joue son propre rôle dans le film, et elle est aussi notre partenaire historique pour les voyages en Mongolie. 

 

Lors de son passage en France en octobre, nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de plaisir, et nous lui avons demandé de nous raconter la façon dont s’est passé le tournage.
Retour sur ces retrouvailles.

 

Ta première rencontre avec Corine Sombrun ?

Après des études de Musicologie, piano et composition, Corine travaille comme compositrice et réalise des reportages pour BBC World Service dans le cadre d’un programme sur les religions. En 2001, l'un de ces reportages la conduit en Mongolie pour enregistrer des sons chamanes. 


Je l’accompagne à la frontière de la Sibérie chez les nomades Tsaatans, le peuple des rennes. Lors d’une cérémonie, le chamane Balgir lui annonce qu'elle est chamane. Corinne a ensuite décidé de suivre ses enseignements pour être initiée. Mais c’était aussi pour moi une découverte, une immersion dans une partie de la culture mongole que je n’avais jamais osé explorer.

 

Quand Corine arrive en Mongolie, elle est en deuil, elle a perdu son mari. Elle était fragile, j’avais peur pour elle. C’était étrange, car moi aussi j’étais en deuil, j’avais perdu mon papa 2 ans plus tôt. Mais j’avais aussi enfoui d’autres douleurs, en particulier la disparition de ma maman alors que j’avais 6 ans. La vie était rude en Mongolie, on n’avait pas le temps de pleurer. Il fallait avant tout s’occuper de la famille.

 

Et presque 20 ans plus tard, Cécile de France joue le rôle de Corine.

Oui. J’étais restée en contact avec Corine, mais je n’imaginais pas un film. Quand j’ai rencontré Fabienne Berthaud – la réalisatrice – j’ai compris que ce film serait une expérience au moins aussi forte que le voyage avec Corine en 2001. Fabienne a fait un travail formidable, elle a compris l’âme mongole. J’aime à dire qu’elle s’est inclinée devant la culture mongole.


Et Cécile de France est une comédienne incroyable, elle est d’une grande générosité émotionnelle. Elle travaille énormément, sa présence dans le jeu me remplissait d’énergie. Son grand regard bleu me bouleversait.

 

Et toi, dans « Un monde plus grand »,  tu joues ton propre rôle ?

En fait Fabienne m’a tout de suite proposé de jouer mon propre rôle.  J'ai été séduite par l'idée pour vivre une nouvelle et unique expérience de ma vie.  J'y suis allée avec une naîvité presqu'enfantile. Mais lors de la première scène, le tournage s'est transformé en une thérapie des deuils que j'avais enfouis sous le tapis. A ce moment-là, tout est remonté à la surface, la douleur, le deuil, les émotions chamaniques, j’avais le sentiment de nager dans un océan de souffrance, ma vie défilait dans mon corps. Mais je crois que ce film a été une véritable catharsis, comme une thérapie cinématographique !  


« Un monde plus grand » est un film magnifique, les paysages mongoles sont envoûtants et Cécile de France vous embarque pour un voyage fabuleux. Il faut aller le voir !  

 

Naraa, ta personnalité et ton expérience nous permettent aussi de créer des voyages originaux, humainement connectés à la culture mongole. Ta vie est aussi un roman, une destinée hors du commun qui nous fascine. Tu prépares ton autobiographie ?

Quand j’ai perdu mon père, j’ai commencé à lui écrire une lettre, qui, au fil des pages, est devenue un livre. Longtemps j’ai fui mon histoire, trop douloureuse, trop lourde. Plusieurs évènements dans ma jeunesse m’ont permis de pousser des barrières que j’imaginais pourtant infranchissables. Je suis devenue exigeante, au bon sens du terme. Les voyages que nous créons sont bien pensés, on va sur le terrain, on rencontre les nomades, les chamanes, les guides. On s’assure que ce que l’on propose est une vraie immersion, pas du charlatanisme ou de la fausse relation. Il faut être accessible et à l’écoute. 
Aujourd’hui, j’ai terminé l’écriture de mon autobiographie. J’espère maintenant qu’elle sera bientôt éditée.

 

Un monde plus grand 

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