Trésors d'Ethiopie
Carnets de voyages - Afrique - Éthiopie - 20.06.2013
C'est à partir de maintenant que nous rentrons dans le vif du sujet, les prochains jours sont consacrés à la rencontre d'un véritable kaléidoscope de populations aux traditions étonnantes et aux croyances ancestrales ! Jusqu'à aujourd'hui, ces tribus de l'Omo échappent encore à la civilisation dominante mais leurs rituels et modes de vie millénaires risquent d'être mise à mal dans un avenir proche, avec le développement économique et sociétal du pays. Tout comme les Masaï du Kenya et de Tanzanie, il existe parfois des villages " touristiques " que nous prendrons évidemment soin d'éviter. Notre approche est différente, nous prendrons le temps de les rencontrer en passant du temps auprès d'eux. Il suffit souvent d'aller un peu plus loin par la marche pour atteindre des villages isolés et faire de belles et vraies rencontres. Sur un périmètre relativement restreint, toutes ces peuplades nomades ou sédentaires ont pourtant chacune des origines différentes, des langues distinctes, des rituels singuliers. Elles ont peu d'interactions entre elles et entretiennent parfois des querelles.
Une belle balade de 2 heures dans les villages traditionnels Dorzé sert de première immersion avec ces nombreuses tribus du Sud. Autrefois guerriers redoutables, les membres de cette ethnie vivant dans les montagnes environnantes d'Arba Minch (à 2700 m d'altitude), se sont reconvertis dans le tissage et la culture de l'ensète (ou faux bananier) dont ils font de multiples usages, de la nourriture aux habitations. Sur un terrain vallonné et arboré, mon guide et moi effectuons une belle randonnée à travers les plantations et les surprenantes huttes traditionnelles faites de bambou et de faux bananier, de forme ogivale et haute d'une dizaine de mètres. En chemin, nous profitons de plusieurs beaux panoramas sur les deux lacs d'Arba Minch et les îles en contrebas. Maison traditionnelle dorzéFemme dorzéMaison traditionnelle dorzéMaison traditionnelle dorzéVue plongeante sur le lac Abaya, depuis les villages dorzéNous poursuivons vers le Sud et découvrons une nouvelle ethnie, les Konso, agriculteurs sédentaires ayant sculpté à flanc de collines de nombreuses terrasses pour leurs cultures (millet, sorgho, coton, maïs, papaye...) avec un ingénieux système d'irrigation optimisant les eaux pluviales. Tout comme les Dorzé, l'intérêt de ce peuple réside en parti dans la structure des villages et dans l'architecture particulière des huttes. A l'écart des sentiers battus, balade de 2 heures à travers ces villages fortifiés structurés en quartiers, avec de véritables murs d'enceinte en pierres les protégeant des animaux sauvages et coulées de boue. Les Konsos sont divisés en neuf clans, possédant chacun leurs waga (ou totems funéraires en bois sculpté). Pas de chance pour nous ce jour là, nous ne croiserons pas le roi Konso !Waga (totem funéraire) des KonsoJeune KonsoMarche dans le village KonsoVillage KonsoVillage KonsoVillage KonsoNous quittons alors les paysages vallonnés du pays Konso pour s'enfoncer graduellement dans la savane broussailleuse de la vallée de l'Omo. Dans les alentours de la petite ville de Jinka, rencontre avec une autre tribu sédentaire, les Ari, qui vivent dans une région exceptionnellement verte et fertile, permettant d'avoir des cultures diversifiées (céréales, café, fruits). Les Ari récoltent également le miel qui leur sert souvent de monnaie d'échange. Leurs maisons sont décorées de belles peintures murales réalisées par les femmes, chacune d'elles exprimant son propre style avec des motifs, matériaux ou couleurs très personnels. Jeune Ari, vers la bourgade de JinkaPréparation de la galette chez les AriFille AriChez les AriDepuis la bourgade de Jinka, nous prenons le cap vers le Parc national de Mago, dans les basses terres, initialement créé en 1974 pour protéger les populations d'éléphants, de girafes et de buffles. Mais Mago est avant tout célèbre pour la présence de plusieurs ethnies dont les Mursi à qui nous rendons visite aujourd'hui. Un climat torride et des pratiques guerrières caractéristiques ont préservés les Mursi de toute forme d'occupation et même de modernité. Agro-pasteurs, leur organisation sociale et rituelle combine les principes de génération, d'âge et de maison. Crâne rasé, oreilles percées, bras et thorax scarifiés, les hommes mursi arborent fièrement la kalachnikov en bandoulière. Les femmes de haut rang portent quant à elles un plateau d'argile inséré dans la lèvre inférieure, ainsi que des plateaux auriculaires (la taille du plateau labial étant proportionnelle à la dot exigée par la famille...). Afin de faciliter les échanges, nous passons du temps à leur côté avec un campement à proximité d'un village isolé. D'un naturel guerrier, je me rends vite compte que le contact avec cette tribu n'est pas des plus chaleureux contrairement à bien d'autres ethnies ! Lycaon (ou chien africain) à l'entrée du Parc national de MagoMursiHomme MursiFemme MursiFemme MursiFemme MursiFemme MursiFemme MursiJeune femme MursiFemme MursiAprès avoir plié le camp, nous reprenons la piste de la veille. Nous sommes un jeudi, nous assistons au marché hebdomadaire haut en couleur de Key Afer. C'est le point de rencontre de nombreuses ethnies, dont les Bana, Ari, Tsemay et Hamer, qui mettent souvent plusieurs jours à pied pour se rendre au marché pour échanger nourriture, épices, beurre, chèvres... l'occasion de se rencontrer et de palabrer ! Hommes et femmes ont un sens aiguisé de l'esthétisme et passent quotidiennement de nombreuses heures à s'embellir. Amateurs de clichés, ces scènes de marché sont un pur régal, chacun s'affère à acheter, troquer ou discuter. Après ce marché coloré, nous poursuivons notre périple au coeur de la vallée de l'Omo par une piste menant au gros bourg d'Omorate, en pays Dassanetch. Tout proche de la frontière kenyane, cette tribu loin du monde tire profit des terres fertiles et limoneuses du delta de la rivière Omo pour cultiver le sorgho. Cette basse vallée de l'Omo est un site préhistorique majeur, classé UNESCO, où ont été découverts de nombreux fossiles d'hominidés d'une importance essentielle pour l'étude de l'évolution humaine. Après une navigation en bateau et une marche le long de la rive est l'Omo, découverte d'un village traditionnel composé de petites huttes faites de branchages, tôles et peaux de bêtes. Berges de la rivière Omo, village d'OmorateVillage DassanetchJeune femme DassanetchFemmes DassanetchJeune homme DassanetchJeune femme DassanetchNous quittons les berges de la rivière Omo et rejoignons la bourgade de Turmi, fief des Hamer. Estimés à environ 40 000 individus, les Hamer sont des pasteurs semi-nomades, vivant de l'élevage et de la culture du sorgho, millet, tabac et coton. Nues jusqu'à la taille, les femmes se couvrent les hanches de peaux de vache incrustées de perles colorées et de coquillages. Elles enduisent leurs coiffures, habilement tressées, de beurre et de terre rouge. Les hommes ne sont pas en reste privilégiant une coiffure toujours très élaborée. Grace à notre guide local Hamer, au courant des différentes festivités des villages alentours, j'ai la chance d'assister à des danses et chants initiés par les hommes, en fin d'après-midi. Tout le monde est sur son 31... je quitte à regret cette tribu vraiment chaleureuse (comparativement aux Mursi !) et retrouve le confort de notre lodge à Turmi. Jeunes femmes HamerDanses traditionnelles de femmes HamerHomme HamerJeune femme HamerEnfants HamerFemmes HamerVillages HamerFemme HamerAprès avoir rejoint la Panafricaine du côté de Yabelo, nous atteignons le village isolé d'El Soda, dominant un superbe cratère profond de 800 m. La région couverte de savanes et de grands acacias est le terrain de jeu de zèbres et de diverses gazelles : Grant, Thomson, gazelle-girafe. Nous installons notre campement idéalement situé au bord du cratère. Sa particularité est d'abriter un lac salin d'où sont extraites de grosses quantités de sel depuis très longtemps. Les " forçats du sel " doivent plonger dans les eaux sombres du lac saturées en iode pour remonter à la surface la précieuse marchandise. Une partie de la récolte est donnée aux animaux, une autre, affinée, est destinée à la consommation humaine. En fin de journée, une randonnée autour de ce cratère boisée nous offre de belles vues plongeantes depuis les crêtes. Sur la piste entre Konso et YabeloPaysages de savane et d'acacias vers El SodaCratère El SodaCratère El SodaC'est aujourd'hui que nous remontons vers le nord pour un lent retour à la civilisation. Nous traversons en chemin des terres ocre avec une végétation clairsemée et d'immenses termitières.Termitières géantes
Les fortes pluies de la veille ont fortement détérioré la route, c'est pourtant l'axe principal nord-sud du pays. Une partie de la route a été emportée par un cour d'eau en crue, heureusement mon chauffeur Bitu connaît une variante par la piste qui nous évitera de longues heures d'attente ! S'étendant de part et d'autre de la frontière qui sépare l'Éthiopie et le Kenya, les Borana vivant ici sont des pasteurs semi-nomades. Après la visite d'un village traditionnel Borana et leurs cases typiques, poursuite à travers des paysages plus montagneux et luxuriant pour rejoindre Yergalem, village d'altitude (1780 m). Nous entrons en territoire Sidamo, célèbre pour être l'une des principales zones de production du café du pays. Pour la petite histoire, tous les plants de café arabica du monde ont pour ancêtres les caféiers éthiopiens. Dans l'après-midi, nous découvrons, à pied, de beaux villages traditionnels Sidamo, bordés de splendides euphorbes candélabres. Au-delà du café, ces terres fertiles sont propices à de nombreuses cultures : faux bananiers, ananas, papayes, mangues, khat... En fin de journée, je profite d'un lodge confortable situé dans un cadre enchanteur, au milieu de la forêt. Et j'assiste à la traditionnelle cérémonie du café. Pays SidamaVillage Sidama, region de YergalemPays SidamaLe joli lodge de YergalemVautour à proximité du lodgeTraditionnelle cérémonie du café
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