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Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Voyage sur l'Île de Pâques

Voyage sur l'Île de Pâques

Voyage sur l'Île de Pâques écrit par Christian LEROY :  Le Mag' de Tirawa

Carnet de voyage rédigé par Christian LEROY

Voyage sur l'Île de Pâques

- Voyage sur l'Île de Pâques -

Chili, Amériques

Le premier objectif du jour est l'ascension du plus vieux volcan de l'île de Pâques, le Poike qui culmine à 400 m. Le chemin ne présente  aucune difficulté, nous commençons au milieu d'un troupeau de vaches qui paissent tranquillement avant de rejoindre un petit bosquet que nous contournons. Nos pas nous portent jusqu'à Vai a Heva où une énorme figure est taillée dans la roche. Par une descente hors sentier battu face à l'immensité bleue qui entoure l'île, nous rejoignons la falaise qui surplombe l'océan. Nous en profitons pour visiter la grotte d'Ana O Keke qui se trouve à mi-hauteur de la falaise. Même s'il faut s'aider des mains, l'accès est facile et sans danger. Il faut se mettre à quatre pattes  pour pénétrer dans cette caverne dont la légende raconte que des jeunes filles étaient recluses ici afin de conserver leur  peau blanche, symbole de pureté. Plusieurs pétroglyphes ornent l'intérieur de la grotte. Puis nous reprenons un peu d'altitude pour visiter l'ahu aux petits Moai de trachyte (et non en tuf comme 90% des Moai de l'île).Vue depuis la grotteVue depuis la grotte, Volcan PoïkePétroglyphes dans la grottePétroglyphes dans la grotteLa balade le long des falaises de Hakarava qui contournent le volcan est de toute beauté. Terres volcaniques érodées,  ocre-orange et bleu caraïbe de l'océan donnent un aspect irréel au décor qui nous entoure. Pour finir, nous longeons une impressionnante falaise et découvrons au loin le plus beau site de l'île : Tongariki.Terres volcaniquesTerres volcaniquesFalaises de HakaravaFalaises de HakaravaLe site de TongarikiLe site de TongarikiQuinze statues se dressent majestueusement  sur la plus grande plateforme de l'île.  Une grue pouvant soulever 55 tonnes fut nécessaire pour réinstaller les Moai , il faut dire que le plus lourd pèse quatre-vingt-huit tonnes. Longtemps les archéologues se posèrent la question : "comment ont-ils fait pour redresser les statues ?". Comment des gens habillés de simples pagnes et cache-sexe ont-ils été capables de réaliser de tels exploits ? Bien des hypothèses furent élaborées jusqu'à ce que quelqu'un eu la bonne idée de demander aux autochtones. Les Pascuans ne comprenaient pas pourquoi les archéologues n'avaient pas daigné les questionner. Ils construisirent une rampe de pierre légèrement inclinée, tirèrent la statue, soulevèrent la tête (avec des rondins) de quelques centimètres, glissèrent des pierres, renouvelèrent maintes fois l'opération, et érigèrent (sans aucune grue, ni moyen moderne) une statue. Site de TongarikiSite de TongarikiPort de Hanga RoaPort de Hanga RoaAprès la visite de la carrière de Rano Raraku et du site de Tongariki, il est facile de comprendre la disparition de la civilisation de l'île de Pâques. Jared Diamond dans son excellent livre Effondrement, dont un long chapitre est consacré à l'île de Pâques, nous explique en détail tout cela. Il conclut : " La construction et l'érection des statues  exigeaient non seulement de grandes quantités de nourriture mais également de grandes quantités de grosses cordes  (fabriquées à partir d'écorce) grâce auxquelles  cinquante à cinq cents hommes pouvaient remorquer des statues pesant de dix à quatre-vingt-dix tonnes, ainsi qu'un nombre important de grands arbres solides dans lesquels on pouvait tailler les traineaux, les rails et les levier ". Le déboisement était en marche. La totalité de la forêt disparut (donc plus de pirogue, plus de combustible, érosion renforcée, la plupart des ressources alimentaires sauvages disparurent). Bien sûr les Pascuans n'étaient pas suicidaires mais Jared Diamond explique qu'ils eurent le malheur de vivre dans l'un des environnements les plus fragiles* et présentant le risque le plus élevé de déforestation (très faible pluviosité, faible altitude ne retenant pas les nuages, isolement et petite taille, peu de retombées de poussières et de cendres volcaniques...). " L'isolement de l'île de Pâques en fait l'exemple le plus flagrant d'une société qui a contribué à sa propre destruction en surexploitant ses ressources" (J. Diamond). Une autre explication a été avancée par Gandace Gossen qui a effectué des prélèvements d'échantillons de sédiments dans le cratère recouvert d'eau du volcan Rano Kau. Elle a constaté tous les 719 ans un épisode chaud. Et, à l'autre extrémité, tous les 637 ans, un épisode de forte chaleur ou de grand froid accompagné de sécheresse à chaque fois. Un grand changement climatique en 1456 aurait provoqué la disparition de nombreux arbres. Rajoutons à cette explication une prolifération de rats (autre explication avancée par d'autres scientifiques), la société de l'île de Pâque ne serait pas à l'origine de sa propre destruction. En 1575, un tremblement de terre suivi d'un tsunami ont pu causer d'énormes dégâts sur mes Moaïs De nos jours, l'île de Pâques retrouve une certaine splendeur. Des arbres ont été replantés, la nature est protégée, un petit port de pêche existe (avec la présence de tortues de mer), on importe le nécessaire (les prix sont en conséquence). C'est un plaisir de visiter l'île de Pâques, mais il est indispensable de s'intéresser à son histoire, il existe trop de similitudes avec ce que nous vivons de nos jours. Si l'île de Pâques était isolée au milieu de l'océan, n'oublions pas que la terre n'est qu'une petite planète isolée au milieu de l'univers et que nous sommes bien incapable (encore pour longtemps) de la quitter. Il est temps de préciser que l'île de Pâques doit son nom à l'explorateur hollandais Jacob Roggeven qui l'aperçut  pour la première fois le 5 avril 1722, jour de Pâques. Demain en fin de matinée après une dernière visite (juste pour le plaisir) aux Moai de Tahai, nous reprendrons l'avion pour Santiago du Chili.

 

Notre voyage  Grand tour de l'Ile de Pâques permet une bonne approche de la découverte de l'île, mais pour approfondir vos connaissances sur cette île mystérieuse, je vous conseille deux livres : Effondrement de Jared Diamond (Editions folio essais) et le très beau livre photos et très bien documenté Île de Pâques de Micheline Pelletier (Editions de La Martinière).

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