Le Tibet avec Trek Mag
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Tibet - 06.05.2011
Eblouis, nous contemplons les impressionnantes façades du Potala Ce voyage se dessine sous les meilleurs auspices à une déception près. Notre ami Jean-Marc Porte, brillant rédacteur-en-chef de Trek Mag pendant de nombreuses années et qui devait nous rejoindre à Lhassa, est malheureusement absent. Une maladie infectieuse le retient à la maison et les médecins ne lui ont pas donné l'autorisation de sortir... Il faudra faire sans lui et combler son absence alors que beaucoup se réjouissaient de la présence de ce montagnard averti (vainqueur de l'Everest en 2001 !) et "philosophe" de tous les instants... Délaissant le groupe une heure afin de m'occuper de problèmes de logistique pour la suite du voyage, je laisse ma plume à Gisèle qui se sent davantage une âme de poète pour parler de cette journée.
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous " Paul Eluard Aux derniers jours de janvier 1924, Alexandra David-Néel entrait dans la ville sacrée de Lhassa et découvrait le Potala. Le nom bouddhiste de cette femme exceptionnelle se traduisait par " Lampe de sagesse". Aujourd'hui, jeudi 26 mai 2011, c'est notre petit groupe qui a rendez-vous avec le Potala et qui s'émerveille devant ce palais écrasant de beauté et de grandeur.
Entre ces deux dates, tant de malheurs et de drames se sont déroulés pour le peuple tibétain... Le Potala est "miraculeusement" préservé, imposant, dominant ; avec toutes ses bannières de prière qui claquent au vent, j'ai la sensation qu'il "vit" encore... Sous le ciel indigo, le palais sublime toute la ville de Lhassa. Quel bonheur d'être là à cet instant et dans des conditions de lumière optimales. Visiblement, nous sommes tous ébahis... La visite à l'intérieur du Potala m'émeut particulièrement. Les commentaires précis et détaillés de Robert, complétés par ceux de Ashok et de Chimé, nous replongent dans l'histoire passionnante et complexe des dalaï lamas. Malgré la chaleur de cette journée, je sens des frissons me parcourir lorsque nous atteignons les appartements privés... Parmi les nombreux fondements du bouddhisme, celui de l'impermanence m'interpelle profondément. Rien ne dure, tout est en perpétuel mouvement, tout change et se transforme à chaque instant. Alors, je tente de m'imprégner au mieux de chaque minute de cette visite si symbolique. Etre totalement présente, tout en évoluant au travers des siècles dans l'histoire de la culture tibétaine, m'inonde de joie et me procure un océan de plaisir.
L'après-midi, nous avons un autre rendez-vous, tout aussi remarquable, avec la visite du plus important temple de Lhassa, le Jokhang. Là encore, je suis époustouflée. Après la visite, nous parcourons la rue qui contourne le temple et qui porte le nom de Barkhor. Nous suivons le flot des pèlerins en gardant toujours sur notre droite le Jokhang. Le groupe se disloque rapidement car nous avons quartier-libre quelques heures avant le repas. Une guirlande d'échoppes encercle la rue et apporte de belles couleurs chatoyantes. Je cadence mes pas au rythme de la foule dense et diversifiée. Ici, vous ne croisez pas simplement les gens, vous marchez côte à côte avec eux quelques instants. J'effectue un premier tour du Jokhang, puis un deuxième, un troisième... L'occidental pressé compterait ses tours en kms. Le pèlerin ne compte pas, il marche en priant, il tourne continuellement son moulin à prières et égraine son mala (chapelet). Je suis touchée par tant de ferveur. Je frôle de vieilles femmes tibétaines, courbées et enveloppées dans leurs vêtements traditionnels. Je marche à leur côté, je souris, je joins mes mains en prononçant un tashi delek (bonjour) ému et sincère. Elles me répondent d'un sourire édenté qui m'attendrit. Un sourire, un bonjour sont de véritables sésames pour entrer en contact et se mettre au diapason avec ces pieux bouddhistes. Nous avançons ensemble en nous regardant maintes fois...
L'opiniâtreté du peuple tibétain me laisse admirative et très respectueuse. Il est certain que ce soir, au moment du coucher, les pensées vont tourner, tourner encore et encore, mais dans tous les sens... Cette journée a été si intense et si particulière. J'ai en mémoire cette pensée du Dalaï Lama qui dit ceci : "Il est important de percevoir combien votre propre bonheur est lié à celui des autres. Il n'existe pas de bonheur individuel totalement indépendant d'autrui". Je vais m'endormir sur cette réflexion pleine de sagesse...
En relation avec cet article
- ça serait dommage de passer à côté... -
- Tous nos circuits -
- À découvrir dans le mag' -
- Nos départs garantis -