Le Tibet avec Trek Mag
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Tibet - 06.05.2011
Au petit matin depuis le train du ciel - 5h du matin - 2868m Le train du ciel s'arrête en gare de Golmud, aux portes des plateaux tibétains. Il fait encore nuit. Sur le quai maintenant désert, l'officier chinois fait les cent pas sous la lumière du réverbère, le képi vissé sur la tête, dans une longue veste sombre. Atmosphère de gare soviétique des années 1950... Lorsque le train s'ébranle après 45 minutes d'arrêt, nous quittons la civilisation chinoise, ses néons, ses tours de béton en construction, ses idéogrammes rouges pour pénétrer dans un autre monde. Le jour se lève peu après les derniers faubourgs de la banlieue de Golmud ; je ne peux résister à entrouvrir le rideau du compartiment couchette dans lequel nous nous sommes endormis hier soir. Xining, gare de départ de ce train du ciel, ne me laissera pas un souvenir impérissable. Partout, des tours en construction, une forêt de grues, du béton qui prend d'assaut les pentes brunes de cet oasis en plein désert, à 2200 m d'altitude. La modernité est partout, le kitsch à la chinoise également : ici des fleurs en plastique coloré, là des autocollants de petits lapins roses... Le monastère de Kumbum, dit aux "100 000 images" est une île bouddhiste au milieu de ce chaos. Dédié à Tsong Khapa, fondateur de la secte Gelugpa, il abrite plusieurs temples où Tsong Khapa lui-même, Sakyamuni et Jamba trônent majestueusement, statues monumentales dorées rehaussées des couleurs vives du bouddhisme tibétain que l'on retrouve sur les bannières, les tangkas, les tormas... Ici la statue d'un petit lion garde l'entrée d'un temple, ceint de khatas bleues et blanches. Là, les murs sont occupés par 1000 niches de bois renfermant de petites statues de Tsong Khapa coiffé de son bonnet jaune. Des odeurs familières - encens, beurre de yak - flottent dans l'air et me rappellent que je suis en terre bouddhiste, en Amdo, terre jadis tibétaine, aujourd'hui chinoise. Un groupe de pèlerins tibétains posent devant une rangée de chortens blancs. Les femmes sont belles, peau mate aux pommettes rouges, nattes noires tressées de fils de laine fushia tombant sur leurs reins noués de tabliers à rayures... Plus loin, trois femmes sont assises sur les marches d'un temple. D'un certain âge, elles se prêtent volontiers au jeu de la photo mais me reprochent mes jambes nues. C'est un bon enseignement pour les prochains jours. Je ne voudrais pas offenser ces pieux fidèles. Nous croisons de jeunes femmes tibétaines parées de robes colorées, boucles d'oreilles, coiffures élaborées. Elles sont très élégantes et cela laisse augurer de belles rencontres quand nous atteindrons Lhassa. Lhassa...Nous n'en sommes désormais plus très loin, perdus au milieu de l'immensité des plateaux tibétains, dans ce train perché entre 3500 et 5000 m d'altitude. Gazelles perdues dans la neige Le paysage est lunaire. Parfois, les étendues blanchies de neige fraîche viennent buter sur des sommets qui se confondent avec le ciel et les nuages. Les animaux sont trahis par cette blancheur, pour le plaisir de nos yeux qui ne savent plus où donner de la tête. Droite, gauche... Nous sommes entourés d'immensités blanche, ocre, verte, jaune, percées par les rails noirs qui déroulent leur échelle vers l'ouest. Le "train du ciel" avance sur le neigeRoute et train cheminent vers LhassaParvenir à Lhassa par ce moyen de locomotion est une façon originale et symbolique de pénétrer l'univers tibétain. En 24 heures, nous nous imprégnons de ces paysages désertiques où seuls quelques marcheurs esseulés osent s'aventurer. On comprend aussi les moyens mis en oeuvre par le gouvernement chinois pour désenclaver et mieux coloniser Lhassa. A bord du train, les Chinois de 1ère classe sont tout autant émerveillés que nous. La remontée des wagons me réserve de belles rencontres : familles tibétaines avec enfants aux joues roses et rebondies, hommes jouant aux cartes et s'étonnant de voir nos visages d'occidentaux. Une jeune femme que j'imagine tibétaine me fait la joie de poser, fière et belle dans son chandail orangé. Elle était assise sur les banquettes sommaires de troisième classe quand son visage aux joues roses encadré de cheveux noirs réunis sous un petit calot rouge a attiré mon regard. S'ensuit une conversation muette, faite seulement de gestes et de regards. Elle souhaite que je la photographie avec sa veste noire et rouge. Elle me fait le cadeau de découvrir ses cheveux, nattées en deux tresses attachées avec deux pompons oranges. Comment s'appelle-t-elle ? Quel âge a-t-elle ? Où vit-elle ? Autant de questions auxquelles je n'aurai jamais de réponses et que je peux juste imaginer... Dans ce train du ciel, je me sens l'âme exploratrice, j'ai l'impression de découvrir une contrée hors du monde que le train ne fait qu'effleurer. L'horizon défile, bordé de montagnes qui mettent en valeur la platitude de ce désert d'altitude. Ici, les arbres sont des poteaux télégraphiques et l'homme a l'air si petit. Nous longeons parfois la route où se pressent de nombreux camions militaires. Quand atteindrons-nous les 5000 m ? Petits points noirs dans l'immensité ocre, des troupeaux de yaks se succèdent derrière les vitres, 4500 mètres étant leur altitude idéale. Dans le sas précédant chaque compartiment, un petit écran affiche les chiffres ; l'altitude grimpe ! Déjà 4860 m puis bientôt les 5000 m sont atteints dans un concert d'exclamations quant à qui aura l'altimètre le plus précis. De ce haut col, une longue descente nous conduit bientôt vers une gare gigantesque. Nous voici aux portes de Lhassa.Arrivée en gare de LhassaNe reculant devant aucun sacrifice, Tirawa a recruté l'armée chinoise
pour le transport des bagagesPremière vision du Potalo à travers les vitres du bus
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