Le Tibet avec Trek Mag
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Tibet - 06.05.2011
"J'aime d'un fol amour les Monts fiers et sublimes" Théophile Gautier. Départ très tardif de Shegar sous un ciel lapis lazulli. Nous filons avec nos 4x4 vers le camp de base de Rongbuk. Pendant quelques kms, nous sommes encore sur la route Lhassa-Katmandou. Puis, nous quittons cette route pour prendre une piste poussiéreuse qui grimpe rapidement avec d'interminables lacets forts réguliers. Le col nous accueille et nous passons comme d'habitude sous une multitude de drapeaux à prières que le vent agite. Je cite ici un joli passage de la chronique de Jérôme Edou parue dans le Trek Mag de juin 2011. Il raconte l'histoire de deux moines devant un drapeau à prières agité par le vent :
" C'est le vent qui bouge " dit le premier.
" Non répond l'autre, c'est le drapeau ".
La réponse du Maître, quant à elle, est toujours la même. " Ce n'est ni le vent, ni le drapeau, il n'y a que votre esprit qui s'agite ".
Carte postale du col de Pang la, à 5230 m, où nos voitures stoppent. A droite du col, trois tentes usagées de commerçants tibétains occupent un petit espace. A gauche, sur un long muret sont alignés une multitude d'objets tibétains : bijoux, pierres, Bouddha, bols chantants....Au loin, de belles collines pelées forment de douces courbes. Il n'y a aucune végétation à perte de vue. Derrière ces collines, notre regard découvre le Makalu, le Cho Oyu et, entre les deux, l'Everest, appelé Chomolungma en tibétain (déesse, mère des vents). Si loin, si près, ces magnifiques sommets se parent de bandes de nuages, laissant dévoiler avec lenteur leurs magnifiques faces. Moment de contemplation.... Nous profitons longuement de cette halte au col pour savourer ce décor sublime et faire du shopping. Un garçonnet au sourire éclatant m'accoste pour me vendre des objets. Je ne résiste pas, il est adorable, gentil et blagueur et nous bavardons dans un anglais très scolaire. Il me raconte qu'il dort sous la tente et mange de la tsampa (farine d'orge grillée) Moment d'insouciance.... Une longue descente en lacets nous amène au village de Tashi dzong pour le repas. Je ressens beaucoup de joie chez tous mes compagnons de voyage. Nous repartons sur la piste, foulards noués sur le nez et la bouche pour éviter la poussière jusqu'à Rongbuk, à 5150 m.
Le campement est déjà installé avec ses "chambres" jaunes, ses 2 toilettes rouges, sa salle à manger et sa cuisine bleues. Le lieu est particulier puisqu'il regroupe des yaks et des 4x4, des bâtiments et des tentes. Nous sommes installés à côté du chorten qui fait la réjouissance des photographes. Face à nous, à près de 3500 m au dessus de nos têtes, l'Everest se dessine à travers les nuages et fait circuler dans notre groupe une bonne énergie et un enthousiasme tangibles. Bien sûr, les puristes diront qu'arriver ici en 4x4 et dégainer son appareil photo est plutôt facile ! Néanmoins, je suis bien heureuse d'être là ! Désormais, je ne me "moquerai" plus des hordes de touristes photographiant les vaches et le Mont-Blanc au Col des Aravis.
Nous visitons le monastère du lieu, qui d'après la légende daterait du VIIIe siècle. Il a été entièrement reconstruit au XXe siècle et abrite une vingtaine de moines et de nonnes. Nous assistons à une cérémonie mêlant mélopées et instruments. Mon émotion est à son comble. Avec Robert, Stéphanie, Francette, Bernard, nous faisons une offrande et brûlons une bougie. Ma prière s'envole vers Tashi Sherpa, jeune guide népalais, ami si cher, tombé au Manaslu le 12 mai 2011. Moment de recueillement..... Vers 20 h, emmitouflés dans nos plus chauds vêtements et armés de nos appareils photos, nous nous alignons telle une belle brochette face à l'Everest. Nous attendons patiemment que les derniers nuages se lassent de caresser la déesse et assistons éblouis au lent coucher du soleil. Moment de grâce..... Nous faisons ensuite honneur au délicieux repas préparé par notre cuisinier et ses quatre jeunes aides. Moment de convivialité...... Il est 22h45, sous la tente, je me suis enfoncé dans mon duvet. A l'abri du vent si fort, à l'aide de ma frontale, mon stylo souligne que Goethe avait bien raison : " Une joie partagée est une joie double" .
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