- Du Kruger au Cap de Bonne Espérance -

Nous y sommes, le grand jour est arrivé pour le groupe, nous allons effectuer notre premier safari en Afrique australe au cœur du majestueux et gigantesque Parc Kruger. Pour ce faire, il faut d’abord souffrir un peu et défier le froid, sous-estimé, du bush africain après un réveil très matinal au Lions Rock Lodge, toujours bercé par le flot ininterrompu de la rivière voisine. Il est exactement 5h quand nous nous rassemblons devant notre 4x4 privé, accueillis par le sourire bienveillant de notre guide local Fanos. Nous prenons place à bord du véhicule ouvert, chacun cramponné à sa couverture, cependant forcés de constater que nous ne sommes pas équipés en conséquence. C’est l’hiver australe, ici en Afrique du Sud, et même si nous allons aisément franchir le seuil des 30° Celsius au cours de la journée, nous arrivons totalement frigorifiés au Phabeni Gate, porte d’entrée vers la vie sauvage. Consolation rapide, nous sommes quasiment les premiers à pénétrer dans le parc, un luxe dont nous prendrons conscience plus tard dans la journée, une fois l’esprit concentré sur d’autres problématiques que le froid, surtout lorsque l’observation de la faune se heurtera aux hordes de 4x4.

A l’aube, les couleurs du bush sont incroyables, des tonalités pastel qui s’éveillent et s’animent au gré des premières lueurs du jour. Le froid intense nous ôte quelque peu le plaisir d’apprécier pleinement le réveil de l’astre solaire, tandis que Fanos se démène pour nous montrer nos premiers animaux sauvages, hyènes, antilopes, oiseaux endémiques, buffles... Pour les novices que nous sommes, il est assez incroyable de circuler au milieu d’une telle population, bien loin de nos chevreuil et sangliers hexagonaux.

Sauvés par le gong, ou plutôt par le café, nous profitons d’une des nombreuses aires d’arrêt pour faire un stop petit-déjeuner : le ventre plein, une boisson chaude à la main, les splendides paysages du Kruger comme seuls points de vue, nous remontons parés pour la suite de nos aventures. Le soleil est désormais plus haut dans le ciel, nous avons ôté quelques couches de vêtements et quelques plaids et sommes maintenant prêts, le regard brillant d’émerveillement, pour apprécier toutes les richesses naturelles du Parc Kruger. Evidemment les prédateurs sont les stars incontestées des lieux, chaque mouvement ou rumeur de félins entrainant une cohorte de véhicules aux aguets. Les célèbres Big Five occultent le reste de la faune et surtout les paysages et panoramas du Kruger, une impression permanente d’assister à la naissance du monde. Au cours de la journée, nous allons croiser la route d’une impressionnante quantité d’éléphants, l’imposant pachyderme est omniprésent, à la fois paisible et destructeur : l’animal dégage une aura pacifiste alors qu’un coup de tête lui suffit pour faire tomber l’arbre qu’il aura ciblé comme garde-manger. Nous sommes de retour au camp en milieu d’après-midi, la mémoire et l’appareil photo déjà saturés de souvenirs.