Grande Traversée de Madagascar
Carnets de voyages - Afrique - Madagascar - 28.07.2015
Luxe, calme et volupté pour ce lever matinal. Une belle journée s'annonce avec en prime l'expérience de cette fameuse ligne de chemin de fer, la seule qui accepte des passagers à son bord, entre Fianarantsoa (1100 m d'altitude) et Manakara, ville située en bord de mer sur la côte Est. Le départ est annoncé à 6h30 mais il est totalement inutile d'arriver si tôt en gare. En général, la mise en place des wagons ne commence que vers 8 heures du matin. La foule est grande cependant dans le hall de gare.Le hall de la gare de Fianarantsoa : la porte d'accès au quai est close !L'unique panneau d'affichage dans la gareLe train est composé d'une locomotive diesel hors d'âge, de deux wagons de fret, de quelques wagons de deuxième classe (accessibles sans réservation de siège, autant dire qu'il y a trois fois plus de billets vendus que de places assises) et de trois wagons de première classe. Places assises et numérotées, nous voici donc installés dans un presque luxueux wagon ayant appartenu à la société suisse des chemins de fer. Notre wagon devait effectuer un circuit touristique, destination finale Yverdon les Bains si on en croit le panneau indicateur gravé sur la tablette latérale.
Le train s'ébranle vers 9h20, soit avec presque 3 heures de retard par rapport au prévisionnel. Mais " mora mora ", " y a pas le feu au lac... " comme on dit chez nos amis suisses !!! Fetra notre guide nous annonce entre 12 et 15 heures de voyage pour arriver à destination finale. Nous voyageons léger, les bagages étant restés dans notre bus qui va filer directement à la gare d'arrivée. Une succession de beaux paysages, de scènes de la vie de tous les jours se succèdent. Les arrêts dans les gares sont autant d'invitation à la dégustation de produits locaux (beignets, écrevisses, fruits, miel...). Rizières en cours de plantationArrivée du train en gareTout le monde a une âme de commerçant à Madagascar
Après la gare d'Andrambovato (46 kilomètres depuis le départ, 3 heures de trajet), de belles cascades font pousser des oh ! et des ah ! à tous les passagers. Le paysage est beau.Cascades Panoramique avec le train qui roule doucement. Et puis, soudain, une secousse, un bruit qui devient de plus en plus étrange ... le sentiment que quelque chose d'anormal est en train de se tramer et là on réalise que le train est en passe de dérailler. A peine cette idée est-elle perçue comme une évidence que le wagon commence à se coucher : les sacs volent, ceux qui étaient debout s'écrasent lourdement sur ceux qui sont du mauvais côté ! Et puis, pour un bref instant, c'est le silence, avant que la rumeur n'enfle et que l'on constate que personne n'est blessé et que tout s'est immobilisé ! Et là, on a le sentiment d'avoir eu de la chance. Certes, nous voici au milieu des montagnes, mais bien vivants. Seul notre wagon a déraillé. Il s'est détaché de l'avant de train et le wagon de derrière est toujours sur ses roues ! Rapidement tout le monde descend (pas facile de naviguer dans un habitacle qui gîte par 35°). La locomotive est déjà rentrée dans un tunnel, avec ses wagons de fret et de voyageurs en deuxième classe. Ceux-ci ne bougent pas d'un pouce, chacun reste accroché à la place qu'il a eu du mal à obtenir. Fin du parcoursHeureusement, à cet endroit le talus était accueillantEn deuxième classe, on reste accroché à sa place. Avec Fetra, organisation de la suite des évènements. Le prochain lieu où une piste touche la ligne de chemin de fer, c'est dans douze kilomètres. Et dans la série des " emmerdements maximum ", mon téléphone satellitaire, fidèle compagnon de toutes mes escapades ne fonctionne pas et pas de réseau classique dans le coin ! Nous ne pourrons organiser une récupération à la fin de notre marche obligatoire que beaucoup plus tard. La locomotive nous laisse passer, après être restée coincée 45 minutes sous un tunnel sans arrêter le moteur bien sûr ! Une armée de Vahaza marchant à bon rythme le long de la voie ferrée
Le spectacle insolite de voir une armée de Vahaza, marchant à bon rythme sur la voie, ne semble pas surprendre les autochtones vivant le long de cet axe vital. Il nous faudra trois heures pour enfin arriver à la gare de Tolongoina. Nous y sommes avant la nuit, et avant une petite pluie fine qui n'augure rien de bon car notre guide nous annonce que l'évacuation de notre groupe risque de prendre un " certain temps ". En effet, la piste qui relie Tolongoina à la route bitumée, soit 45 kilomètres est l'une des plus difficiles de tout Madagascar et qu'il faut au minimum 4 heures de route dans chaque sens lorsque la piste est sèche ! Le groupe ne se laisse pas abattre
Après le luxe de Fianarantsoa, le dénuement de Tolongoina ! Bref, pour faire court : nous récupérerons deux 4x4 à 23h20. On n'y croyait plus. Les chauffeurs, dont ce n'était que la deuxième fois où 'ils s'aventuraient sur cette piste ne veulent pas s'attarder. Forts sympathiques et avenants, ils nous disent quand même qu'ils ne se feront plus avoir pour venir secourir des Vahaza dans ce" trou du cul du monde" ! Nous atteindrons le bitume en 4h pour 45 km. Et pour finir avec cette loi des emmerdements maximum, notre 4x4 est tombé en panne d'alternateur, 4 lampes frontales Petzl accrochées au pare-buffle feront partiellement l'affaire. Pour l'autre véhicule, le stabilisateur rendra l'âme en cours de route. Fetra a bien sûr réorganisé la suite de l'itinéraire pour les trois prochains jours. Cette nuit, impossible d'aller jusqu'à Manakara. Nous irons à Ranomafana. Il est 4h30 du matin lorsque je pose ma tête sur l'oreiller !
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