Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Inde - 26.06.2015
Nous sommes réveillés dès le lever du jour (5 heures) par le bruit des avions ; en effet, tous les vols arrivent et repartent tous le matin... Six à sept par jour, sans compter les appareils militaires, encore plus bruyants. La raison est facile à comprendre : d'abord il y a souvent du vent assez fort l'après-midi ; mais, surtout, la chaleur faisant perdre de la puissance aux réacteurs, il est préférable de repartir à la fraîche surtout qu'à cause de l'altitude élevée, la portance des ailes en prend un sacré coup ! Ça commence mal, l'une des femmes du groupe a une terrible migraine due à l'altitude. Heureusement, comme nous allons rester trois nuits dans cet hôtel, elle aura le temps d'émerger pour profiter de la suite du voyage ; mais il lui faudra bien tout ce temps ! Ce M.A.M (mal aigu des montagnes), est imprévisible et traître : au-dessus de 3500 m, il peut frapper n'importe qui et à n'importe quel moment ... sportif ou pas, habitué ou pas à l'altitude, jeune ou vieux, personne n'est à l'abri ; sauf les locaux, évidemment. Les symptômes ? Migraines violentes, perte d'appétit et d'équilibre, envie de vomir ... à surveiller car, parfois, un oedème peut se former... La prévention : manger léger, éviter les efforts violents et beaucoup boire (de l'eau naturellement). Les médicaments comme le Diamox ne doivent être pris qu'en dernier recours... à tout hasard, nous avions emporté des granules homéopathiques de coca... Partons en balade dans la vallée de l'Indus, fleuve qui a donné son nom au pays. C'est l'une des sept rivières sacrées de l'Inde. Sa source (à 5165 m d'altitude) se trouve en Chine, au Tibet plus précisément, au pied du mythique mont Kailash [1] (6638 m). L'Indus a 2880 km de long [2] et quand il arrive au Ladakh, il a déjà parcouru environ cinq cents kilomètres. Son débit est nettement plus faible que celui des autres grands fleuves de l'Asie des moussons ; cependant, la position géographique de son cours lui confère un rôle très important (analogue à celui du Nil) puisque l'eau qu'il apporte à des régions semi-désertiques a permis la création de zones irriguées plus étendues que celles de l'Égypte. Inutile de dire que les conflits entre Inde et Pakistan au sujet de la répartition de la ressource hydrique sont nombreux et âpres... Le cours montagnard de l'Indus est très long. Sortant du Tibet pour entrer en Inde, il suit sur toute sa portion himalayenne un axe SE ? NW jusqu'à la ville de Gilgit (au Pakistan) où son cours change radicalement de direction. L'Indus contourne alors le massif du Nanga-Parbat [3] puis, quittant ensuite les collines entre Peshawar et Rawalpindi (Pakistan), son lit s'oriente alors au SSW pour aller se jeter, en un immense delta, dans la mer d'Arabie. À partir de sa confluence avec la rivière Kaboul, l'Indus devient navigable. Visite des monastères de Phyang et Spituk. J'aime beaucoup l'atmosphère de ces monastères, on s'y sent hors du temps ; tout y est calme et silence ... tout y est petit et intime, on s'y sent moins écrasé que dans une cathédrale. Dans un coin, quatre moines travaillent à confectionner un mandala avec du sable coloré ... ils y passeront un mois ou deux ... ensuite, le mandala sera détruit ... Un mandala est un dessin, un support de méditation, en deux ou trois dimensions. Ce sont des oeuvres d'art d'une grande complexité, généralement des cercles avec une multitude de détails. Le méditant se projette dans le mandala avec lequel il se fond dit wikipedia. Chaque détail du mandala a un sens et il est nécessaire d'entreprendre de longues études auprès de maîtres qualifiés pour en connaître les significations. Celui-ci est réalisé avec du sable coloré que les moines déposent au bon endroit avec de petites canules en argent ... il sera ensuite détruit pour symboliser l'impermanence ou le caractère relatif transitoire des phénomènes composés. Ceci permet également de combattre l'attachement. C'est cette même raison qui a conduit les artistes de ces oeuvres sacrées à ne jamais les signer. A Phyang, nous assistons à la prière des moines ... des psalmodies interminables rythmées par des coups de tambour, des tintements de cymbales et des claquements de doigts... Cela dure des heures mais on n'est pas obligé d'attendre la fin pour partir...
[1] Le KailashGang Rinpoché ou Kailâsa, est une chaîne de montagnes du plateau tibétain. C'est la plus haute montagne du Tibet en dehors de l'Himalaya. Elle est à la source de deux des quatre plus grands fleuves d'Asie : l'Indus et le Sutlej (qui en est l'un des affluents). Cette montagne est le centre de l'univers bouddhiste (chaque bouddhiste aspire à en faire le tour), c'est un endroit sacré pour les hindous, les jaïns et les bönpos depuis des siècles. On dit que les abords de la montagne divine sont des lieux saints où les pierres prient. Demeure des dieux, la cime du Kailash est sacrée et nul n'est autorisé à la gravir. Pour l'honorer, les fidèles en accomplissent rituellement le tour. Une marche spirituelle à jamais gravée au plus profond de l'être
[2] Nil et Amazone mesurent un peu moins de 7000 km. L'Indus est le 25e plus long fleuve du monde.
[3] Altitude 8125 m, 9e sommet du monde, entièrement au Pakistan. Surnommé la montagne tueuse car, pour 186 alpinistes ayant atteint son sommet, 61 y ont laissé leur vie. La première ascension date du 03/09/1953 ; avant cette ascension victorieuse, 31 personnes étaient mortes en la tentant. Entre le haut de la montagne et le lit de l'Indus tout proche, il y a 7000 m de dénivelé !
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