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Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

Carnet de voyage rédigé par Géraldine Benestar

Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi

- Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi -

Inde, Asie Pacifique

Au départ de Suisse, le panneau de l'aéroport indique une température de 46°C à la destination ... ça promet ! L'Airbus A-330 de la Swiss est plein ; donc, pas moyen de s'étaler, dommage car il y a 7h30 de vol ... À l'arrivée en Inde, peu avant minuit, il fait encore 36°C sur le tarmac. Le temps de faire les formalités d'entrée, dans l'aéroport, nous trouvons celui qui sera notre guide pendant ces trois semaines, Thustop, un jeune Ladakhi de 39 ans, sympa, souriant, efficace et très bien organisé. Le temps que les avions des neuf participants au voyage débarquent, dans une chaleur moite et collante, nous prenons le minibus pour passer du terminal international au domestique, situé à quelques kilomètres. Là, il faut zoner  quelques heures avant de prendre un autre avion pour Leh à sept heures du matin, un Airbus A-320. Nous trouvons un coin peinard sur le carrelage de granit et nous piquons un petit somme... Contrôles de police assez souriants mais très tatillons : par exemple, on n'a le droit de ne garder avec nous que les piles et batteries contenues dans les appareils, les autres, celles de rechange, doivent impérativement être mises en soute ... de même, les policiers demandent souvent qu'on mette les appareils en marche devant eux pour s'assurer que ce ne sont pas des faux pouvant dissimuler une quelconque machine infernale. Grand beau pendant le vol, des montagnes enneigées, des vallées verdoyantes et, apparemment, beaucoup de pierrailles ailleurs L'aéroport est à 3220 m d'altitude, il y fait 25°C, l'air est léger et très sec, la pression atmosphérique est de 672 hPa (672 hPa = 672 mbar). À l'arrivée, nous attendent deux gros breaks Mahindra Xylo. Nous sommes donc douze avec le guide et les deux chauffeurs (le nôtre s'appelle Ismaël, musulman donc, un type timide mais gentil et serviable, un calme qui conduit cool). Ce qui frappe immédiatement, c'est l'imposante présence militaire, il y en a partout et pas pour rire : gilets pare-balles et fusils d'assaut, sans parler des véhicules légers blindés qui se la rouillent aux carrefours stratégiques [1]. La capitale du Ladakh étant à plus de trois mille mètres, l'air y est beaucoup plus frais et léger ; on supporte la petite maille. Direction l'hôtel Ladakh holiday qui est à 3500 m d'altitude. Sympa, bien placé et avec un personnel très convivial. Pas de doute, nous sommes bien en altitude car les trois étages essoufflent un peu si on les aborde un peu vite. L'après-midi, nous montons en voiture jusqu'à Gongkang pour visiter le monastère qui domine la ville, à 3670 m. 00090010 Tous les conducteurs, pouce bloqué sur le klaxon, tentent de s'infiltrer dans le moindre espace disponible... pousse-toi de là que je m'y mette semble être l'unique obsession de tous les conducteurs ; pourtant, malgré l'inextricable enchevêtrement, ça ne touche jamais... Les camions crachent une épaisse fumée noire aussi polluante que puante. On est bien loin de l'image que l'on avait au départ de la capitale du Ladakh ; soyons francs, c'est une ville du tiers-monde dans toute l'acceptation du terme : une voirie défoncée, des papiers gras et autres ordures partout, des chiens errants, des artisans qui travaillent sur le trottoir faute d'atelier, des façades lépreuses de maisons inachevées avec les fers à béton qui dépassent ; mais, chose qui arrange bien le coup d'oeil, il y a des drapeaux à prière partout ; et, malgré tout, une ambiance sympathique à condition de ne pas trop s'y attarder. Deux mosquées se font face, l'une chiite, l'autre sunnite [2]... Un arrêt pour changer de l'argent : j'échange 200 ? contre 16 000 roupies, le type s'excuse, il n'a que des billets de 100 roupies (100 RS = 1,25 ?) ... me voilà donc lesté d'une liasse de 160 talbins, on dirait un mac qui vient de faire sa tournée de ramassage ! En redescendant, je discute un peu religion avec le guide. Il me dit qu'il est plus ou moins athée mais cependant plus ou moins croyant ... c'est-à-dire que son intelligence est athée mais que ses tripes restent bouddhistes ; ce qui revient à dire qu'il ne s'empistrouille pas avec la religion au quotidien ; mais, comme c'est sa tradition et celle de sa famille, il en reste un peu quelque chose ... beaucoup de gens partagent son point de vue chez nous aussi et c'est tout à fait respectable Le soir, Thustop aborde franchement le problème des pourboires : en Inde, il faut toujours laisser tomber des piécettes à chaque instant : restos, cafés, hôtels, chauffeurs... [3] Pour nous, un casse-tête car on ne sait jamais, ni à qui, ni combien donner. Il nous propose de lui donner 100 ? chacun et que lui gèrera le magot tout au long de ces trois semaines (c'est la somme que le document de voyage nous avait conseillé de prévoir pour cet usage). Solution adoptée à l'unanimité. En fait, très souvent, il donne l'argent à l'un d'entre nous pour qu'il le remettre au prestataire de service concerné (par souci de transparence, à chaque fois, il nous précise combien il donne). Un peu partout dans la ville, il y a des campements improvisés ... Ce sont des travailleurs saisonniers qui viennent ici car il y a de l'emploi. Souvent originaires du Bihar, l'état le plus pauvre de l'Inde, ils restent pour gagner quelques sous avant de rentrer chez eux aux premiers froids. En effet, l'hiver, Leh est une ville morte complètement paralysée ; beaucoup de gens qui ont de la famille dans les plaines vont y passer les mois les plus durs. Il faut dire que rien n'est prévu pour se protéger des températures glaciales ; par exemple, les carreaux de notre chambre (du simple vitrage) qui ne sont pas mastiqués mais maintenus en place par quelques clous rouillés et les huisseries dont l'étanchéité au vent est très perfectible. Bien évidemment, il n'y a que la moitié des lampes et prises des chambres qui fonctionnent et quasiment tous les robinets fuient ; ce doit être une maladie chronique du pays car, pendant tout le voyage, je n'ai pas vu une seule salle de bain étanche ... Mais, dans l'hôtel, la wifi marche assez bien, c'est déjà ça ... ce sera notre seule connexion de tout le voyage : ailleurs, ni portable, ni wifi ... le désert numérique ancestral ! Retour à l'hôtel pour un petit repas végétarien pendant lequel, à cause de l'éclairage faiblard, j'ai eu le tort de confondre un piment avec un poivron ... grossière erreur qui m'a valu une bouche en feu pendant un bon moment ... Il est vingt heures, nous nous sentons un peu cotonneux ; alors, personne ne se fait prier pour aller au lit.

 

 

[1] Il y a des casernes partout. On les reconnaît de loin à leurs toits verts ... facile à bombarder de haut, il y aurait plus discret ...

 

[2] Pour les bouddhistes, c'est pareil : bonnets jaunes et bonnets rouges mais aucune animosité entre eux.

 

[3] Il m'expliquera plus tard qu'il en est de même partout en Inde ... Le simple dépôt d'un dossier administratif par exemple doit être assorti de quelques retombées, faute de quoi, il sera mis sur une voie de garage ... il faut cracher au bassinet pour tout ...

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