Voyage au Ladakh, Samsãra ladakhi
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Inde - 26.06.2015
Nous sommes debout très tôt ; en effet, ce matin, le Dalaï-lama vient à Leh (en avion de ligne régulière), et nous allons aller le voir passer comme tous les gens de la ville. En fait, toute cette agitation me fait penser un peu au passage du Tour de France : des gens qui attendent le long de la route, des flics et des bagnoles [1] qui passent avec le gyrophare ; et, en dix secondes, tout est terminé sans avoir eu vraiment l'occasion de voir le maillot jaune ! En fait, le plus intéressant, c'était de regarder les gens ! Même ici où il est chez lui, il y a des snippers en uniforme sur les toits pour protéger le Saint Homme... les tensions interreligieuses existent, ici comme partout ! Gag : au milieu de cette foule recueillie déambule un énorme taureau noir qui perturbe l'ordonnancement de la fête ; mais, si les gens rigolent, personne n'ose carrément virer l'intrus ! Visitons la forteresse de Basgo puis le monastère de Likir (3860 m). À chaque fois, il faut se déchausser, mais on peut garder la casquette... chez nous, c'est le contraire, chaussures, bon ; casquette, pas bon... combien de fois les ai-je enlevées ces foutues godasses ? Je me suis félicité d'avoir pris des chaussures basses ! Ensuite, piste pour Alchi où nous logeons dans une agréable guest-house campagnarde à 3135 m. Le village est très sympa, mais aussi très touristique, à en juger par les nombreuses échoppes de souvenirs. Tourisme local, très peu d'Européens. Nous visitons un superbe petit monastère avec des peintures originales du XIe siècle. Heureusement que l'UNESCO est intervenue car les moines voulaient poncer les murs et en faire de nouvelles. Parmi les peintures dans les monastères, il y a toujours une roue de la vie : un cercle divisé en six secteurs : les dieux, les demi-dieux, les animaux, les génies, les êtres avides et, enfin, l'enfer... au centre, un autre cercle avec un porc, un coq et un serpent qui font une sorte de farandole qui représente les trois poisons mentaux que sont l'avidité, l'aversion et l'ignorance qui sont présents dans notre coeur. Mais, ce que je préfère, c'est le secteur infernal : il y a toujours des représentations très réalistes de gens bouillant dans d'horribles marmites ou brulant dans les flammes, des hommes à qui on ablationne les testicules avec des tenailles, des femmes à qui on enfonce un bâton dans la... ou des gens à qui on arrache les membres ou qu'on éviscère... il faut faire peur au fidèle pour qu'il soit plus docile ! Là, c'est vraiment une constante universelle de toutes les religions ! Expiez vos fautes et courbez la tête, valetaille ! Dans les monastères, il y a aussi toujours une peinture avec un éléphant sur lequel est juché un singe, sur le dos duquel se trouve un âne et, enfin, tout en haut, un oiseau... C'est l'illustration d'une célèbre légende : un jour, ces quatre animaux discutaient, cherchant à savoir qui était le plus vieux. Pour le déterminer, ils se rendirent sous un arbre. L'oiseau, la première fois qu'il était venu là, n'avait vu qu'une jeune pousse. Le lapin avait vu un tronc avec quelques rameaux. Quand le singe était venu, c'était l'époque des bourgeons. L'éléphant enfin n'a connu l'arbre que chargé de fruits. Les animaux ont pu en déduire que le plus jeune est l'éléphant et le plus âgé l'oiseau. Cette histoire symbolise le respect dû aux aînés.
[1] Je ne serai pas sacrilège en parlant de caravane publicitaire même si ça y ressemble un peu, avec ces pick-up dans la benne desquels sont installés les édiles locaux et leurs respectables épouses en tenue traditionnelles (dont le célèbre perak sur la tête, évidemment)... comme Yvette Horner dans la caravane du Tour quand j'étais gamin.
[2] En Inde, c'est l'armée qui est chargée de la construction et de l'entretien des routes.
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