Le Japon, voyage iconique
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Japon - 28.12.2023
Anciennement nommée Edo, elle est l’opposée de Kyoto. Ville des hauteurs, où les gratte-ciels se disputent les records, Tokyo rassemble des quartiers tous singuliers. Nous déambulons le premier soir dans le quartier Ginza, celui de l’avenue Chuo-ku , les Champs Elisées tokyoïtes. Magie architecturale où les jeux de lumières font naître des illusions optiques sur les façades des magasins de luxe, par exemple du cuir sur l’enseigne Vuitton ou des perles chez Van Cleef & Arpels… De premier abord, Tokyo offre moins de sites à visiter. Pourtant, en faisant le pas de côté, le plongeon peut être vertigineux et déconcertant dans le Japon du Manga, des jeux vidéos vintage, des jeux d’argent (interdits mais tolérés dans une amusante hypocrisie collective), de la mode, des magasins de poupées traditionnelles…
Dans la pure tradition nippone, nous commençons par la visite d’un jardin seigneurial, le Rikugi-en. Créé en 1702 par Yoshiyasu Yanagisawa, dignitaire du shogunat Tokugawa (grande dynastie de Shogun du XVIIe au XIXe siècle), ce jardin est dédié à la promenade autour d’un étang, couronné de cerisiers, érables, cèdres, pins, rhododendrons, camphriers… En déambulant, on peut réciter quelques waka, poèmes japonais qui inspirèrent l’élégance de l’aménagement du jardin.
Hana no iro wa / Utsuri ni keri na / Itazura ni
Waga mi yo ni furu / Nagame seshi ma ni.
(Poétesse Ono no Komachi, IXème siècle)
La fleur s'est fadée,
Vaine était sa couleur.
Il pleuvait sans cesse,
Alors que je vieillis
Contemplant ce monde humain.
Changement de quartier, changement d’ambiance. Nous déjeunons dans le quartier animé et composite d’Asakusa, rassemblant le célèbre temple Senso-ji consacré à Kannon et sa magnifique pagode à 5 étages, la sculpture « Flamme d’or » de Philippe Stark, commande d’une grande marque de bière (finalement installée couchée pour respecter les règles d’urbanisme !), des magasins de poupées traditionnelles et allées de boutiques touristiques. C’est aussi le quartier des théâtres populaires et de stand-up.
Après le déjeuner, quelques de minutes de taxi (se repérer dans les villes japonaises est compliqué, les chauffeurs de taxi eux-mêmes s’y perdent) nous conduisent jusqu’à un fabricant de tatamis traditionnels. Véritable artisanat d’art, la tradition du tatami en matières naturelles, constitué de paille de riz compressée recouverte d’une natte de jonc finement tressée, se perd lentement. Réservé aujourd’hui à la restauration des temples, sanctuaires ou maisons historiques, les Japonais y restent néanmoins attachés mais avec des matériaux plus modernes et plus résistants aux nouveaux modes de vie.
A l’image de cette mégapole, nous faisons le grand écart en nous rendant enfin dans le quartier de Shibuya, mondialement connu pour son fameux carrefour à la fois chaotique et codifié. Impossible de ne pas se prêter au jeu de la traversée ! Mais on ne prend la mesure de ce croisement - où piétons et voitures se dérobent à tour de rôle la priorité - qu’en prenant de la hauteur.
Shibuya est la Mecque du Japon moderne, avec ces grands magasins, ces gigantesques panneaux lumineux, son architecture avant-gardiste, ses cafés branchés. Quartier bouillonnant, frénétique, à la pointe de la mode, il renferme aussi un Japon plus méconnu, peu visible, que seul un guide local nous permet de pénétrer et de comprendre. Des immeubles entiers, d’une dizaine d’étages, sont consacrés aux jeux vidéo vintage, entièrement restaurés, où les joueurs de tout âge se confrontent, écoutant de la musique des années 80, mangeant des bonbons et confiseries de marques historiques, entourés de personnages mythiques. Ambiance surréaliste. Dans l’immeuble d’à-côté, rien ne laisse entrevoir ce qui se cache à chaque étage : des bibliothèques entières de mangas depuis les premières parutions, tous les fanzines, un étage réservé au plus de 18 ans, et des vitrines qui débordent de figurines de manga, CD et DVD… Enfin, un autre immeuble est dédié aux machines à sous, où les plus assidus (ou accros) ont développé un système assez élaboré pour calculer les machines les plus rentables ! Ces jeux étant (officiellement) interdits, les joueurs récupèrent discrètement leur gain dans un autre bâtiment plus loin dans la rue.
La soirée s’achève au 54e étage de Shibuya Sky, vue imprenable sur l’immensité de cette forêt de gratte-ciels, Tokyo à perte de vue, avec le Mont Fuji comme repère immuable à l’horizon.
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