Volcans de feu et splendeurs Mayas
Regards de voyageurs - Amériques - Guatemala - 13.05.2011
Après un vol sans histoire avec Iberia, j'arrive à Guatemala city en fin d'après-midi heure locale. Contrôle d'identité et direction la réception des bagages. Soudain, plus de valises ni de sacs arrivant sur le tapis roulant et aucun d'entre nous n'a récupéré son bien. Cherchez l'erreur ! Ils sont sortis sur le tapis opposé. Ouf ! Je fais connaissance avec le second couple, Chantal et Richard, la quarantaine, en même temps que nous accueille le correspondant local de l'agence Tirawa. L'aéroport se trouvant dans l'agglomération, nous n'avons qu'un court transfert jusqu'à l'hôtel Stofella dans le quartier des affaires. Attribution des chambres et installation. Nous nous retrouvons à 18 h 15 dans le hall d'accueil. Le correspondant nous conduit jusqu'à un restaurant tout proche mais ne reste pas dîner avec nous. Dîner rapide et tout le monde part se coucher tôt pour récupérer du voyage.
Le lendemain matin, je me lève à 7 heures, prends une douche et prépare mes sacs. Puis je descends pour le petit déjeuner. Trois du groupe en reviennent déjà. En m'apercevant, Chantal et Richard me font signe. Je les rejoins et m'assieds à leur table. Bien que la salle soit grande, toutes les tables sont occupées, vraisemblablement par un groupe important d'américains. Le récipient contenant le café étant vide, je dois attendre un certain temps pour en obtenir une tasse. En effet, le serveur les prépare une à une sur un percolateur. De plus, entre deux opérations, il rince et essuie consciencieusement le récipient contenant la mouture. La présence de trois ou quatre personnes devant lui ne modifie en rien son attitude. Imperturbable, il effectue toujours son rituel avec la même minutie, sans hâte... Nous nous retrouvons à 8 heures, avec nos bagages, dans le hall. Nous faisons la connaissance d'Oliverio, le guide qui va nous accompagner tout au long de notre séjour. Peu après, celle de Mario, le chauffeur du minibus qui assurera les transferts. Tous installés à bord, Annie et moi sur les premiers sièges, Maryse et Bernard sur les seconds et Chantal et Richard sur les troisièmes, nous quittons la capitale guatémaltèque en direction de Palin. Au départ, nous roulons sur une route importante parmi une circulation assez intense. Parvenus au km 37, soit à 37 kilomètres de Guatemala City (Ciudad en espagnol), nous tournons à gauche et commençons à nous élever sur une route en bon état et peu fréquentée. Sur notre gauche, des plantations de caféiers à l'ombre d'arbres plus grands. Ces derniers sont parfois taillés afin de ne pas trop couvrir les premiers, empêchant alors les cerises de mûrir convenablement. Ces cerises, contenant chacune deux grains de café, d'abord vertes, puis rouges, sont cueillies une à une en fonction de leur maturité. Nous nous arrêtons pour payer un droit d'entrée dans le Parc National du Volcan Pacaya. Deux hommes, armés chacun d'un fusil à pompe, montent la garde à proximité. Nous quittons la direction de San Vicente de Pacaya et partons à droite. Bientôt, une piste en bon état succède à la route. La présence d'engins de travaux publics nous indique que l'asphaltage ne saurait tarder. Après avoir encore roulé sur une distance d'environ 10 kilomètres, nous atteignons le village de San Francisco de Sales, à la fois terminus et point de départ. Nous descendons du véhicule et préparons nos bâtons de marche. Ensuite, nous étalons de la crème solaire sur notre visage et nos bras afin d'affronter les ardeurs du soleil en altitude sans risque de brûlure. Gesi, une jeune femme guide du Parc, nous accompagne. Nous progressons d'abord en forêt, dont les arbres deviendront de plus en plus clairsemés à mesure que nous nous rapprocherons du cratère, sur le flanc du Cerro Chino. Le sol, recouvert de scories de petite taille, se dérobe parfois sous nos pas. La dernière éruption importante date de mai 2010 : une coulée de lave mais surtout des scories et des cendres projetées haut dans le ciel par de fortes explosions et entraînées à plus ou moins grande distance par le vent, provoquant éventuellement des dégâts. C'est ainsi que le toit de la maison de la famille de Gesi s'est écroulé sous le poids important des projections le recouvrant. En chemin, Oliverio nous invite à regarder, les volcans qui se dessinent sur le ciel et à nous familiariser avec leur nom. De gauche à droite : le Fuego, surmonté d'un petit panache de fumée blanche, signe de son activité, l'Acatenango arborant deux sommets, et l'Agua.
Volcans Fuego et Acatenango depuis les pentes du Pacaya
Derrière nous, une vue partielle de la Laguna de Calderas, un lac qui occupe une toute petite surface d'un cratère très très ancien. Pauvres arbres faméliques, spectateurs involontaires du feu d'artifice volcanique qui vous a dépouillés de votre feuillage, vous n'avez pas pour autant succombé à sa forte chaleur. Quelques-uns d'entre vous osent afficher une nouvelle et modeste parure. Mais au-dessus, plus la moindre trace de végétation, un paysage lunaire jusqu'au sommet du pic Mac Kenney, le cratère actuellement actif d'où s'échappe une fumée blanche. Nous descendons dans un immense cratère, vestige de phénomènes volcaniques beaucoup plus anciens. Et là, le cratère sommital se dévoile dans toute sa réalité : une vaste échancrure de son bord circulaire, prolongée par une entaille de son flanc, blessure non cicatrisée d'un coup de sabre titanesque. Et le sang de la terre a coulé, laves incandescentes se répandant dans la pente et recouvrant en grande partie la cuvette géante, se refroidissant peu à peu en prenant des formes particulières. Pour ajouter à l'inhospitalité des lieux, un vent fort prend un malin plaisir à arracher le couvre-chef de celui qui ne l'a pas suffisamment bien vissé sur la tête. Richard en fait deux ou trois fois l'expérience. Heureusement, l'un de nous réussit à chaque fois à le récupérer, n'hésitant pas à mettre le pied dessus pour le stopper dans sa fuite. Nous marchons d'abord dans la cendre puis gagnons l'extrémité des langues de lave encore un peu tiède au toucher et les contournons. Ici ou là, de gros blocs de lave solidifiée, comme poussés par un énorme bulldozer. Sous cette carapace irrégulière de la chaleur qui s'infiltre dans la moindre fracture et se manifeste à l'extérieur. C'est ainsi qu'au-dessus d'une petite faille longue de 2 à 3 mètres et large d'environ 50 centimètres, nous pouvons voir s'élever les vibrations de l'air chaud. Pas mal de gens sont montés par un autre chemin. Il semble que le pied du Pacaya soit un but de promenade dominical. Aussi, nous ne sommes pas les seuls à pénétrer dans une sorte de grotte dans laquelle nous ne nous attardons pas, on se croirait à l'intérieur d'un sauna. Une chaleur suffocante ! Il nous faut songer au retour. Nous devons sortir de la cuvette en escaladant l'un de ses bords. La pente est raide et le sol instable. Le vent souffle si violemment qu'il pousse ma jambe droite levée et il s'en faut de peu que celle-ci ne fasse un croc-en-jambe à la gauche. Ensuite, dans la descente, nous évitons de nous suivre de trop près. Malgré cela, nous respirons et avalons beaucoup de poussière. Nous déjeunons à San Francisco de Sales sous un bâtiment ouvert : potage, riz, viande genre pot au feu, cristophine, un légume de la famille de la courge et du potiron. Transfert en véhicule à Antigua, l'ancienne capitale du Guatemala. Environ une heure un quart de trajet. Mario nous dépose à l'entrée de la ville et, à pied, nous allons visiter les parties publiques de l'ancien couvent de Santo Domingo. L'état en a cédé les ruines à des privés qui ont effectué des restaurations pour y créer un hôtel. Ensuite, nous repartons en véhicule et nous prenons possession de nos chambres à l'hôtel Posada del Hermano Pedro, une ancienne demeure coloniale typique, avec ses quatre patios abondamment fleuris et ornés éventuellement de statuettes. Deux d'entre eux abritent également une vieille charrette. Je sors et me rends jusqu'à la place principale, toute proche, avec en fond, dominant l'agglomération, l'Agua, dont la forme régulière correspond à l'image que l'on se fait traditionnellement d'un volcan, un cône parfait pointant vers le ciel. La lumière diminuant à l'approche de la nuit tombante, je ne peux pas faire de bonnes photos et je ne tarde pas à rentrer. A 19 heures, nous allons dîner dans un restaurant situé dans la même rue ou dans son prolongement. Chantal et Richard n'osent pas toucher la salade de crudités servie en entrée. Il est vrai que l'eau du robinet n'est certainement pas aussi potable qu'en France. Il est d'ailleurs déconseillé de l'utiliser pour se laver les dents. Je la mange de bon appétit sans me poser de questions. Si mes intestins réagissent mal, je m'en apercevrai rapidement. Le Parc National du Volcan Pacaya couvre 2065 hectares, dont la Laguna de Calderas, assise sur un ancien cratère, avec une superficie de 35 hectares. On y trouve 28 espèces de mammifères, 101 espèces d'oiseaux, 75 familles de fleurs, et soulignons enfin l'importante espèce endémique Cedro del Pacaya, et d'autres comme l'arbre de Hormigo avec lequel on fabrique le marimba, l'instrument de musique national. Le Pacaya, - dont le nom signifie "courge" en langue maya - un des 8 volcans actifs sur les plus de 800 que compte le Guatemala, culminant à 2.552 mètres d'altitude, est situé, sur la Cordillère Guatémaltèque, en périphérie de la ville d'Antigua. C'est un édifice volcanique "jeune" qui naquit, il y a environ 23.000 ans et qui, depuis l'arrivée de Pedro de Alvarado, un conquistador espagnol, en 1523, est entré en éruption au moins vingt-trois fois. Après être resté endormi durant près d'un siècle, il a repris, violemment, son activité en 1961, une activité qui est restée constante. On lui a donné le surnom de "Stromboli d'Amérique Centrale". Le Pacaya est en fait un ensemble de volcans plus ou moins actifs selon l'époque. Aujourd'hui, c'est-à-dire durant les derniers 25 ans - à peine quelques secondes dans la vie d'un volcan - c'est le Pico Mackenney du Pacaya qui menace, mais les volcans secondaires de Cerro Chino, Cerro Grande, Cerro Chiquito, Cerro Hoja de Queso et Cerro de Agua ont tous eu leur heure de gloire avant lui.
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