Volcans de feu et splendeurs Mayas
Regards de voyageurs - Amériques - Guatemala - 13.05.2011
Lever 3 h 30. Petit déjeuner rapide. Nous emportons le pique-nique. Court transfert jusqu'à Llanos del Pinal, à 5 kilomètres au sud de Quetzaltenango. 4 h 35, début de l'ascension du volcan Santa Maria, équipés d'une lampe frontale. Guide local du jour, Eduardo. Nous suivons d'abord une pente relativement douce et plutôt pierreuse. Nous atteignons un plateau, à gauche du volcan, où nous faisons une pause. L'aube apparaît mais je préfère garder encore la frontale afin de bien voir où je pose mes pieds. Le sentier serpente dans une forêt de feuillus et la pente devient assez sévère. Lors d'un arrêt pour attendre Maryse et Bernard qui peinent encore ce matin, ce dernier nous rejoint et prévient Oliverio qu'ils souhaitent faire demi-tour. Eduardo les accompagne. Nous continuons donc l'ascension à cinq. Oliverio marche à une allure régulière raisonnable, suivi de Chantal, puis moi-même, ensuite Richard qui souffle un peu et enfin Annie qui monte plus lentement à mesure que l'altitude augmente. Depuis que le soleil a réussi à s'infiltrer entre les branches, je marche en tee-shirt. Malgré tout il fait frais. En effet, plus nous nous élevons, plus le sol est couvert de gelée blanche. Quelques passages en terre noire un peu humide et donc glissante. Peu à peu, les feuillus cèdent la place à des pins majestueux. Enfin nous débouchons sur une croupe, récompensés de nos efforts. Il est 8 h 20. Nous avons mis 3 h 45 pour atteindre le sommet qui culmine à 3772 mètres.
Le Santa Maria en soi n'offre aucun intérêt. Par contre il se présente comme un belvédère unique dominant le cratère actif du Santiaguito. Nous descendons un peu sur le flanc ouest et nous nous asseyons sur le sol, là où nous serons aux premières loges pour jouir du spectacle. Pour l'instant, les rideaux sont tirés. Des écharpes de nuages montant de la vallée se succèdent au-dessus du cône de cendre grise, presque argentée. Nous guettons l'ouverture. Une brève déchirure dans la masse cotonneuse et nous découvrons un panache s'élevant du volcan. Le voile redevenu compact, le panache s'épanouit au-dessus, tel un champignon atomique. Nous mangeons notre casse-croûte espérant vainement un deuxième épisode. Les nuages en ont décidé autrement. Le sommet du Santa Maria est lui aussi un lieu sacré pour les Mayas. Quelques personnes invoquent le ou les dieux. Et, tandis que nous redescendons, de 9 h 30 à midi un quart, nous croisons des hommes mais surtout des femmes, endimanchées, chaussées légèrement, les unes portant un jeune enfant sur le dos, avec pour tout bagage un petit sac, parfois sur la tête, et une couverture. Tous ces gens vont dormir là-haut, à la belle étoile, avec une température légèrement supérieure à zéro et, demain dimanche, ils participeront tous à un grand rituel. J'avoue que j'aimerais y être présent. Presque parvenus au bas de la pente, nous doublons Victor, 80 ans, et son ânesse Paloma (photo pleine page). Ils sont partis tous les deux à six heures ce matin chercher du bois. Nous offrons à Victor les sandwichs que nous n'avons pas consommés.
Nous retrouvons Maryse et Bernard ainsi que notre fidèle Mario. Tandis que certains prennent une boisson, je rentre dans une pièce équipée de deux broyeurs. Une femme arrive avec un seau rempli de maïs bouilli qu'elle vide dans une trémie au-dessus du broyeur du fond. Une jeune fille met l'engin en marche, fait couler un filet d'eau sur les grains et assure le bon approvisionnement de l'appareil. La femme récupère l'espèce de pâtée qui sort du broyeur. Cette pâte sert à la fabrication des tortillas, sortes de petites crêpes faites à la main par les femmes. Elles prennent une boule de pâte et l'aplatissent en frappant d'une main sur l'autre. Ensuite elles les cuisent sur une plaque, les retournant une fois ou deux. A table, les tortillas sont servies enveloppées dans un linge chaud, à l'intérieur d'une corbeille. Dès qu'elles refroidissent, elles deviennent un peu caoutchouteuses. C'est en quelque sorte le pain guatémaltèque. Je reconnais que je n'en fais pas une consommation excessive. Nous partons en véhicule, regagnons d'abord Quetzaltenango où nous faisons le tour de la place centrale afin de voir un peu les bâtiments qui l'entourent. Nous continuons jusqu'à Almolonga, à 6 kilomètres, et nous nous arrêtons au marché qui tire à sa fin. Malgré tout, l'activité est encore intense et je peux faire de nombreuses photos. Après ces deux marchés non prévus au programme, Oliverio qui connaît bien la région, nous fait découvrir une église particulière, celle de San Andres Xecul.
Environ deux heures de route pour rejoindre Chichicastenango. Nous faisons un petit tour du marché qui se met en place pour demain. Les commerçants vont passer la nuit pour surveiller leur étal. Installation à l'hôtel Casal del Rey, à l'écart de la ville. Nous dormirons au calme. Oliverio nous fait quelques recommandations : "Demain, matinée libre. Je vous conseille de vous rendre d'abord à l'église Santo Tomas et d'assister à une partie de la messe, en entrant par la porte située sur le côté que je vous ai montrée tout à l'heure. L'office est célébré en espagnol puis en langue maya. Ensuite quand vous déambulerez dans le marché, soyez prudents, les pickpockets sont très professionnels. Pas d'argent dans les poches arrière". Sur le coup, ce discours m'inquiète un peu car je serai seul. Je ne veux pas imposer ma présence à Annie ou à l'un des deux couples.
Le volcan Santa Maria
L'impressionnant volcan Santa Maria se dresse au sud de la grande ville guatémaltèque de Quetzaltenango, deuxième ville du Guatemala. Il a une forme conique parfaite lorsqu'on l'observe depuis le nord, mais sa morphologie est très différente depuis le sud. En effet, ce volcan fut le siège, en 1902, de l'une des plus puissantes éruptions du XXème siècle. Celle-ci fut marquée par la déstabilisation d'une grande partie de son flanc sud, qui généra une puissante avalanche de débris. Un panache plinien s'éleva à près de 29 Km d'altitude, et près de 6000 personnes périrent dans cette éruption d'une incroyable violence. Celle-ci se prolongea moins intensément jusqu'en 1913. Dès 1922, l'activité revint dans le cratère en fer à cheval ouvert dans le flanc sud par l'éruption précédente. Celle-ci généra des phases explosives intenses, entrecoupées par l'émission d'une lave visqueuse sous forme de dômes. Le Caliente fut le premier d'entre eux, mais plusieurs dômes successifs ont ensuite grandi dans la dépression. Cet ensemble de dômes accolés est connu sous le nom du "complexe du Santiaguito". Les éruptions sont récemment revenues sur le dôme Caliente, aujourd'hui très actif. Régulièrement des explosions vulcaniennes affectent son sommet. De petits écoulements pyroclastiques sont aussi produits de manière plus ou moins régulière, et il n'est pas rare que des coulées de lave épaisses et courtes puissent descendre sur les flancs du dôme.
San Andres Xecul
Cette petite ville ceinturée de collines fertiles abrite une église extraordinaire. Sa façade jaune vif disparaît sous une décoration extrêmement chargée de saints, d'anges, de fleurs et de vignes grimpantes multicolores se disputant l'espace avec de drôles d'animaux. Les calottes rouge, bleu et jaune du clocher rappellent un chapiteau de cirque. A l'intérieur, des cierges éclairent des effigies sanguinolentes du Christ, recouvertes d'un épais maquillage le rendant vivant et enfantin. L'une d'elles, particulièrement kitsch, représente un Jésus couché, entouré d'or et de satin, dans un cercueil de verre.
Oliverio nous achète de quoi nous restaurer. Nous nous asseyons sur un muret sur la place de l'église. Nous manquons d'eau pour nous laver les mains. Tant pis, nous mangeons quand même. En fin de repas, nous nous rinçons les doigts avec le jus de l'ananas, notre dessert traditionnel. Nous quittons Almolonga, nous arrêtons dans un cimetière au bord de la route et nous rendons à Zunil voir un autre marché, beaucoup plus modeste. C'est aussi la fin. A part nous, peu de gens devant les étals. Mon appareil photo affiche : "Carte mémoire pleine". Je me prépare à la changer et constate que, contrairement à mon habitude, j'ai omis d'en mettre une seconde dans l'étui de l'appareil. Je raterai quelques clichés. C'est ma faute, c'est ma très grande faute !
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