Volcans de feu et splendeurs Mayas
Regards de voyageurs - Amériques - Guatemala - 13.05.2011
Réveillé par un concert d'oiseaux, je me lève à 6 heures mais il est difficile de les voir sauf s'ils se déplacent d'un arbre à un autre ou, comme ce petit passereau qui sautille le long d'un tronc couché sur le sol. J'ai assez bien dormi. Les singes hurleurs ne se sont manifestés qu'une seule fois au cours de la nuit. Leur cri tient à la fois de celui du morse et du barrissement de l'éléphant. A peine le patron m'a-t-il aperçu qu'il me fait signe et me prépare un Nescafé corsé. Tandis que le soleil se lève, je descends au bord du rio. Une légère brume s'élève au-dessus de la surface de l'eau. Des oiseaux, dont la taille est comprise entre celle du merle et celle du geai viennent se percher dans l'arbre à gauche de ma paillote et en repartent presque tous avec une baie dans le bec. Des cris évoquant le jacassement de la pie, ainsi que des coups de bec sur un tronc vraisemblablement l'oeuvre d'un pic. Le ciel est bleu vers la gauche, moutonné blanc et gris en face. Je pense qu'ici, son aspect doit évoluer rapidement. J'ai écrit ce qui précède, assis sur un banc, sur la terrasse de ma paillote. Je m'emplis de l'atmosphère, revivant par la pensée la journée d'hier. Notamment le passage dans la faille peu éclairée, mais aussi le coup de vent qui, pendant un court instant, m'a perturbé. Il a cessé aussi rapidement qu'il s'était manifesté. Nous quittons le lodge et son charmant propriétaire. Environ 45 minutes de navigation pour regagner Sayaxche. Là, un véhicule nous attend et nous conduit à Flores, une île du lac Peten Itza reliée à la terre ferme par un pont. Nous en faisons presque le tour et nous nous arrêtons à l'hôtel Peten pour déjeuner.
Retour en bateau à Sayaxche
Cette fois, direction le nord, nous partons pour Tikal, un ancien site maya, à 60 kilomètres de Flores. En route, arrêt dans une coopérative d'artisanat. J'en profite pour acheter quelques objets en bois ainsi que des cartes postales. Arrivés sur les lieux, installation au Tikal inn. Le lodge est charmant et surtout parfaitement situé, à l'entrée du site de Tikal. Visite à pied, d'une première partie du site archéologique, en pleine forêt. Nous suivons de larges allées entre les arbres qui nous voilent presque complètement le ciel. Un bruit dans les branches nous signale la présence d'un atèle ou singe-araignée. D'autres animaux croisent notre route : des dindons ocellés, ressemblant au croisement d'un dindon et d'un paon, deux ou trois agoutis, gros rongeurs au corps trapu, hauts sur pattes et pratiquement dépourvus de queue, un coati, mammifère carnivore, à corps et à museau allongés, avec une longue queue rayée, se nourrissant de lézards et d'insectes. Des perroquets s'envolent d'un arbre à un autre. Nous découvrons également des essences que nous ne connaissons pas Nous voyons diverses constructions, notamment des temples mais je n'ai pas enregistré leur nom ou leur numéro. De plus nous en verrons d'autres demain. Par contre, des escaliers de bois nous permettent d'accéder presque tout en haut du temple IV, une pyramide qui mesure 69 mètres. Oliverio ayant donné un pourboire à l'un des gardiens du parc, nous pouvons rester assister au coucher du soleil depuis ce belvédère. Nous rentrons au Tikal inn à la frontale. Le site Maya de Tikal
Le Peten recouvre une superficie de 35 850 kilomètres carrés, soit pratiquement le tiers de la surface totale du pays. C'est une immense plaine tropicale au climat chaud et humide, recouverte par la forêt. C'est toutefois dans cet univers hostile à l'homme que les Maya choisirent de fonder leurs grandioses centres cérémoniels. La zone archéologique se trouve au centre du parc de Tikal, grand de 576 kilomètres carrés. La fondation de Tikal remonte aux alentours de 700 avant J-C. Entre 292 avant J-C (date de la plus ancienne inscription retrouvée sur une stèle) et 900, elle domina toute la zone maya centrale et atteignit son apogée aux VIIe et VIIIe siècles. Désertée vers la fin du IXe siècle, elle ne fut exhumée qu'à partir de 1848. On s'interroge toujours sur la fonction exacte de ces ensembles monumentaux. Avec leurs palais, leurs temples et leurs pyramides dont certaine dépassent 50 mètres de haut, ces "cités" ne répondent guère à l'idée que l'on se fait d'une agglomération urbaine traditionnelle. Il s'agirait, pense-t-on, de centres cérémoniels autour desquels étaient regroupés bâtiments administratifs et résidences des aristocrates et des prêtres. La population logeait dans des huttes, aujourd'hui disparues, formant des quartiers qui s'éparpillaient progressivement à travers les champs et la forêt toute proche. On estime qu'à son apogée Tikal, y compris la région placée sous sa juridiction, comptait environ 50 000 habitants et couvrait près de 160 kilomètres carrés. A ce jour, les relevés topographiques portent sur une surface de 16 kilomètres carrés, où ont été répertoriés 3 000 édifices et 85 places. A l'époque maya, les différents groupes de monuments étaient reliés entre eux par un réseau de "sacbeob" (pluriel de "sacbe" qui signifie blanc chemin), chaussées dallées et surélevées de 3 à 5 mètres et de près de 20 mètres de large qui rayonnaient sur des kilomètres de part et d'autre de Tikal et dont on a retrouvé en maints endroits le tracé primitif. La grande majorité des structures remonte à la période classique (500-900 après J-C) mais recouvrent toutes des fondations d'édifices plus antiques. En cheminant de sacbeob en sentiers taillés dans l'épaisse forêt, vous aurez, de surcroît, le loisir de faire une passionnante promenade botanique. Parmi les espèces de la selve - la forêt - dont certaines élèvent leurs frondaisons jusqu'à 50 mètres, vous découvrirez le somptueux "ceiba", le fromager, l'arbre sacré des Maya (dans leur cosmologie, quatre ceibas placés aux quatre points cardinaux soutenaient les treize cieux). Mais aussi le caoba ou acajou, le chico zapote, le sapotillier dont l'amande est utilisée pour les soins capillaires et l sève (le "chicle") dans la fabrication du chewing-gum. Le palmier phytelephas, quant à lui, est une magnifique usine végétale dont on consomme le coeur quand il est jeune. Son tronc est utilisé pour la construction des ponts . la graine de son fruit, le corozo, produit l'ivoire végétal (c'est dans cette matière qu' autrefois étaient façonnés les boutons). De sa noix à la chair comestible, on extrait de l'huile, et sa coque, quand elle brûle, dispense une fumée qui écarte les moustiques. Enfin, sa palme sert à couvrir les maisons. On rencontre encore le "bjuco de agua", liane épaisse qui déverse une eau limpide si on la coupe ; le copal dont la résine était utilisée comme encens ; enfin le "ramon", l'arbre à pain, dont se nourrissaient les anciens habitants de Tikal. Géo N° 139 sept 1990
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