Volcans de feu et splendeurs Mayas
Regards de voyageurs - Amériques - Guatemala - 13.05.2011
Comme rien ne me presse, je me lève à huit heures moins le quart. Je suis seul au petit déjeuner. J'aperçois Chantal et Richard qui semblent se diriger vers la salle à manger. Mais non, ils s'en vont au marché. Quand une heure plus tard, je m'y rends à mon tour, Maryse et Bernard partent déjeuner. Je ne suis sans doute pas exactement le chemin indiqué par Oliverio mais peu importe, j'arrive à une entrée du marché. Je suis la rue jusqu'à l'église Santo Tomas, à la façade blanche. Toutes les marches accédant au parvis sont occupées par des marchandes de fleurs. C'est tellement beau que j'en suis ému. Je m'emplis les yeux et le coeur avant de me diriger vers la droite pour entrer par la porte latérale. L'église, pourtant très grande est bondée. Tous les bancs sont occupés. L'officiant parle-t-il en espagnol ou en quiche, une langue maya ? Je ne saurais le dire. Si l'on s'adresse à un maya en espagnol, la plupart du temps, il fait celui qui ne comprend pas cette langue même si ce n'est pas le cas. Bien que harcelés par les espagnols depuis la conquête du pays par Pedro de Alvaredo à partir de 1524, les mayas ont tout fait pour sauvegarder leur culture, ne se soumettant pas à l'envahisseur ou feignant de se plier à son bon vouloir pour éviter les massacres. J'admire un tel peuple qui ne se renie pas qu'elles que soient les circonstances. Je viens à peine d'entrer dans l'église que Chantal et Richard y pénètrent à leur tour. Comme moi, Chantal aime photographier les gens sur le vif. Nous nous croiserons deux ou trois fois sur le marché au cours de la matinée.
L'église ayant été construite sur un site sacré des mayas, ceux-ci continuent à effectuer des rituels sur le parvis. Un homme agitant une statuette équestre et un autre manoeuvrant le torito del fuego, un tourniquet feu d'artifice, dansent au son d'une flûte et d'un tambour. Puis, précédée des musiciens, une procession avec notamment quatre personnes portant une sorte de châsse sur une civière, descend les marches et parcourt ensuite les rues du marché. Je les revois un peu plus tard, les derniers se saluant mutuellement d'une certaine façon avant de se séparer, les uns continuant tout droit, d'autres partant à droite, d'autres enfin à gauche, leur mission dominicale accomplie. Ce n'est pas terminé pour autant sur le parvis. Deux femmes secouent chacune un encensoir rustique dans lequel brûle du copal. J'arpente les diverses rues du marché, me repérant toujours à l'église qui dépasse des autres constructions. C'est une débauche d'étals à qui les plus divers. A mesure que l'heure avance la foule augmente et ce n'est pas toujours facile de photographier. L'idéal est de viser une scène de l'autre côté de la rue afin de ne pas trop se faire remarquer mais l'ennui c'est que, bien souvent, un client, voire un touriste, passe entre deux. Certaines vendeuses ont enregistré quelques mots de français et m'apostrophent : "Bon prix pour les français, plus cher pour les américains". Je n'ai pas pu vérifier si elles affirmaient le contraire à ces derniers. Pris dans l'ambiance de cette foule bigarrée, je ne me sens pas du tout mal à l'aise. Mais, comme un homme averti en vaut deux, j'ai sur moi le minimum d'argent, dans les poches de ma chemise et je tiens toujours mon appareil photo à la main, la dragonne passée au poignet. Je songe aux souvenirs que je pourrais rapporter mais, d'une part je n'ai pas trop envie de me charger dès maintenant ayant encore une semaine à passer en Amérique centrale et, d'autre part, je ne vois rien qui me tente. Pas de coup de foudre pour tel ou tel article ! Finalement, je me laisse tenter par une nappe aux motifs locaux. La marchande me montre qu'elle est vendue avec huit serviettes et m'en demande 200 quetzals (20 euros). En marchandant un peu, je l'obtiens pour 160. Un peu plus tard, je repasse devant cet étal et achète un tee-shirt avec un quetzal (l'oiseau sacré des mayas et non la monnaie) comme motif. De 70 quetzals au départ, je l'ai pour 50. La marchande qui n'est pas en reste me sollicite : " 10 quetzals pour le coca cola ? " J'essaie de lui faire comprendre que ce n'est pas bon pour sa santé. Alors, elle me propose : " Un tablier pour la belle-mère ? Pour la cousine ? "
Le bonheur pour les amateurs de bondieuseries
Vague colorée de tissus
Je me rends aussi au marché couvert et monte à l'étage. Un balcon, sur trois côtés, permet de dominer l'ensemble rempli d'étals de fruits et légumes. Je regarde l'heure, il va commencer à être temps de rejoindre le restaurant les Coffrades où nous avons rendez-vous pour le déjeuner. En consultant mon appareil, je constate que j'ai pris 175 photos depuis le matin. Encore un excellent repas : un steak, une côte de porc, une petite saucisse avec légumes et riz, et glace en dessert. Mario vient nous chercher en minibus. Nous passons à l'hôtel pour y reprendre nos bagages et route pour Antigua où nous arrivons vers 16 heures. Installation au même hôtel que dimanche dernier, la Posada del Hermano Pedro. J'écris dix cartes postales et les dépose dans la boîte près de l'accueil. Puis je décide de sortir un peu laissant volontairement mon appareil photo dans la chambre, à l'approche de la nuit. Mais je le regrette quand j'arrive sur la Place Centrale où une foule nombreuses écoute un orchestre jouant sous un chapiteau, à gauche de la cathédrale : marimba (un grand xylophone ayant un peu l'apparence d'un piano, plusieurs exécutants frappant sur les lamelles), maracas, batterie. Quelle est magnifique cette façade blanche, avec ses niches allumées, dans le soir qui tombe ! Peu après, les arcades de la Capitainerie s'illuminent à leur tour avec, en fond, le volcan Agua qui n'en apparaît que plus sombre, auréolé de temps à autres de petits nuages foncés qui s'effilochent, voilant ou dévoilant sa crête, selon leur bon plaisir. Puis les arcades de l'Hôtel de Ville s'embrasent elles aussi et, tout cela sur fond musical de marimba. Entre deux morceaux, la voix du présentateur qui enflamme la foule : " Viva Guatemala ! " J'aime la sonorité de cette langue espagnole. A mesure que la nuit étend son manteau sur la ville, l'Agua s'estompe de plus en plus. Cette atmosphère lumineuse, associée à l'ambiance sonore me remplit d'émotion. Quelques couples dansent sur les pavés ou plus précisément sur les cailloux arrondis, au pied de l'orchestre. Même près de moi, un homme commence à onduler des hanches, tenant son fils par les deux mains.
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