Balade chez les Khmers
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Cambodge - 10.01.2011
Avant de quitter définitivement cette province du Ratanakiri, nous avons encore deux endroits à visiter. Tout d'abord le lac de cratère de Boeng Yeak Lom, une vaste étendue d'eau circulaire et particulièrement profonde. L'ethnie des Tompuons qui vivent autour vénèrent ce lieu comme un endroit saint. Des petits autels animistes attestent de ces croyances.
Ensuite un petit tour au marché, où nous découvrirons un quartier entier réservé aux bijoutiers. La région est en effet productrice d'or, que l'on trouve dans les alluvions des rivières, et de saphirs, avec des mines à 40 kilomètres vers l'Est. Ce marché a aussi toute une section réservée pour les échanges entre les ethnies des montagnes. Une multitude de produits, inconnus pour nous, circule de mains en mains.
Il nous faut reprendre la même piste poussiéreuse jusqu'à la nationale 7. Un petit crochet vers le nord nous conduit à la ville de Stung Treng. Dernière ville avant la frontière avec le sud du Laos, cette bourgade vivait autrefois du trafic des esclaves. En effet, comme nous l'apprend Sok, jusqu'en 1890, date à laquelle les colons français sont bien installés, les Laotiens venaient faire des razzias dans les monts du Ratanakiri et enlevaient des familles entières qu'ils revendaient ensuite aux Khmers et aux Thaï. L'administration coloniale stoppa ce trafic.
Notre guide, dans sa lancée d'informations sur l'histoire, nous raconte ensuite que ces régions du nord ne sont redevenues cambodgiennes qu'après le traité de 1907 entre la France et le Siam (vieux nom de la Thaïlande). Cette même bande frontière est ensuite repassée sous le joug de la Thaïlande en 1941 lorsque les Japonais se sont installés dans la région. Et cela ne sera qu'en 1962 que le tribunal international de La Haye refixera les frontières connues actuellement. La tension au sujet de ces zones disputées renaît d'ailleurs fréquemment.
Après un déjeuner composé de spécialités locales comme le poisson chat au piment et des morceaux de cerf hurleur caramélisés, nous reprenons la route vers le Sud. 40 kilomètres avant Kratie, nous quittons la nouvelle nationale 7 pour suivre l'ancien tracé. On retrouve le cours du Mékong vers Kampi, à un endroit où ce fleuve est compliqué à naviguer, de nombreux écueils et bans de sable obstruant la majesté du cours d'eau. C'est à la fin du XIXème siècle qu'un général français fit une topographie précise du fleuve et balisa une voie fluviale qui permettait de remonter le cours d'eau, depuis la mer jusqu'à la Chine. On peut encore voir des énormes " cairns " posés dans l'eau.
Mais ce qui nous amène à Kampi, ce sont les dauphins d'eau douce de l'Irrawady. Une grande colonie de ces mammifères marins vivait dans cet endroit. Ils ont pratiquement été tous exterminés, spécialement sous le régime de Pol Pot,qui les décimait pour utiliser l'huile de leur chair. Une petite centaine est maintenant recensée dans cette partie du Mékong, jusqu'à la frontière laotienne. Embarquement dans un petit bateau et navigation sur ce fleuve majestueux. Lors de cette balade aquatique nous observerons quelques spécimens, plutôt effrayés par l'homme !
Sok finit par nous avouer une autre vérité. Certes la bande à Pol Pot est à l'origine de leur quasi extinction, mais les Khmers n'aiment pas les dauphins. Ceci provient d'une légende, où il est dit que les dauphins sont en fait nés de la réincarnation d'une jeune fille malhonnête, qui s'était finalement suicidée dans le Mékong en se jetant à l'eau avec un bol sur la tête.
Alors que le disque solaire plonge à l'horizon, nous finissons notre trajet jusqu'à la ville de Kratie.
Autel de l'ethnie Tompuon devant le lac de Boeng Yeak Lom
Ponton devant le lac de Boeng Yeak Lom
Une vendeuse d'or et de saphir au marché de Ban Lung
Money Money !
Marché traditionnel de Bang Lun
Sur la piste de retour
Les dauphins de l'Irrawady
Sur les îles au milieu du Mékong
Village traditionnel
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