Balade chez les Khmers
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Cambodge - 10.01.2011
Les Monts Dangkrek forment une barrière naturelle entre le Cambodge et la Thaïlande Entre 1431 et 1907, les territoires du nord étaient sous le contrôle du Siam (vieux nom de la Thaïlande). Le traité franco-siamois de 1907 a eu comme conséquence le retour de cette zone sous administration khmer, y compris le temple de Preah Vihear. Les Thaïs ne l'entendaient pas de cette oreille et en 1962 la cour de justice internationale de La Haye a décrété que ce temple appartenait bien au Cambodge. Fous de rage les Thaïs ont alors, entre autre, détruit tous les parements en pistil de lotus qui bordaient les grandes allées. Au XVIIIème siècle ils avaient déjà détruit en grande partie la tour sommitale. Le 15 juillet 2008 l'Unesco inscrivait ce temple dans la liste du patrimoine mondial. Le 16 juillet de la même année, l'armée Thaï se positionnait autour de la colline. Le Cambodge, en partie démilitarisé à cette époque, demandait alors l'aide de la Chine, sous forme de matériel militaire et sous forme de construction d'une route asphaltée longeant les 400 kilomètres de frontière commune. Selon l'expression imagée de Smey, le coq bon à rôtir s'est alors transformé en coq de combat, et les Thaïs en sont restés jusqu'à présent au stade d'observation. Cette montagne a été aussi le dernier point de repli des armées Khmers rouges en 1988. La zone a été truffée de mines anti personnelles, et il vaut mieux ne pas s'écarter des zones sécurisées ! Ce matin, après une bonne heure de route, nous voici au pied des Monts Dangkrek, devant l'escalier historique qui permettait d'accéder au temple directement. Cet escalier a été totalement détruit, et, sous le patronage de l'Unesco, un escalier " géant " a été construit. Sur une dénivellation de 440 mètres, on remonte en sous bois des milliers de marches en bois, avec rambardes, paliers équipés de bancs et gîtes d'étape. Tout au long de ce parcours on observe des camps sommaires abritant quelques militaires. Des tranchées ont même été creusées en arrivant sur le plateau sommital. La tension est toujours là ! La visite de ce temple magnifique, long de 800 mètres, prendra environ 2 heures. Le temps de découvrir les merveilleux frontons qui ornent la partie supérieure des portes, d'admirer la vue depuis le point sommital qui culmine à presque 700 mètres... Construit par sept monarques successifs, entre 889 et 1152, il symbolise le Mt Meru et il est dédié à Shiva. Aujourd'hui je vais vous raconter l'histoire de Kala. Dans la grande majorité des linteaux, du moins à partir du règne de J II, placé au centre, apparaît une tête de Kala (appelée aussi tête de Rahu). Ce monstre dévorant, armé de deux bras est certainement originaire de Java. Son histoire est liée à l'épopée du barattement de la mer de lait (je vous raconterai un autre jour cette belle histoire !). Lors de cet épisode, qui avait pour but la recherche de l'amritra (liqueur d'immortalité), le monstre réussi à en dérober. La Lune et le Soleil le voyant, dénoncent aussitôt ce méfait à Vishnou. Celui-ci lance alors son disque et sectionne le corps de Kala en deux. Mais avant d'être coupé en deux, il a pu boire une goutte de ce nectar, et de ce fait gagne l'immortalité. Pour se venger du soleil et de la lune qui sont à l'origine de son infortune, lorsque l'un d'eux passe à sa portée ... il le ou la dévore, créant immédiatement une éclipse, car n'ayant plus d'estomac pour les digérer, l'astre avalé ressort rapidement du corps de Kala. Ce monstre, qui est aussi censé représenter Shiva, le temps qui détruit toute chose, est devenu le dieu des éclipses, mais aussi celui du temps, de la naissance et de la mort. L'astronomie était une science développée lors de l'âge d'or khmer. De nos jours encore, et spécialement dans les campagnes, on fait venir un Acha, prêtre qui est à la fois astronome et astrologue, et qui donne des conseils pour les implantations des bâtiments et des cultures. Retour à notre véhicule par le même chemin, en dévalant les rampes d'escaliers successives. Une heure trente de route plus tard et nous arrivons à Anlong Veng, ancien fief de la bande de Pol Pot. C'est dans ces environs qu'il a été incinéré sur des pneus et que le reste de ses acolytes sont enterrés.
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