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Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano écrit par Christian JUNI :  Le Mag' de Tirawa

Carnet de voyage rédigé par Christian JUNI

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

- Bolivie : des tropiques à l'Altiplano -

Bolivie, Amériques

9 Octobre-2Traversée de la Cordillère de los Freiles9 Octobre-8Troupeau de vigognes

Enfin, les hauts plateaux. L'altiplano a étendu sa grande peau au soleil, piquetée d'une herbe fanée et éparse qui est à la terre fatiguée ce que les cheveux blancs sont à l'homme. Des panneaux à fond jaune, comme on en voit parfois en Australie, figurant tantôt un crocodile gueule ouverte ou un koala aux oreilles décollées, annoncent l'entrée en scène d'un nouveau personnage qui devrait nous tenir compagnie un moment : le lama au cou mobile comme celui d'une chouette, le lama avec sa lippe d'aristocrate outragé à qui l'on vient d'apprendre que la populace a envahi les pelouses de son château, le lama seul animal domestique de l'Amérique du Sud avant l'arrivée des chevaux espagnols, le lama que personne, pas même John Wayne ou Yves Saint-Martin n'a jamais réussi à monter, le lama donc, seul animal heureux des hauts-plateaux, grand habitué de la pénurie, à l'aise dans le peu et le moins que rien.

 

Depuis Tintin et le temple du soleil, tout le monde connaît sa nature atrabilaire. " Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi " annonce le brave Zorrino à un capitaine copieusement arrosé par un infâme crachat. Sans doute la barbe de Haddock ne lui revenait-elle pas car d'habitude, il ne crache que sur ses congénères, généralement pour se défendre. Ceux que nous croisons en tout cas se comportent de façon fort urbaine et, sans doute impressionnés par notre flamboyant cortège de 4x4, préfèrent ravaler leur salive. 9 Octobre-9Cimetière de locomotives qui servaient à transporter le minerai de la
mine de Pulacayo jusqu'aux ports du Pacifique
Une vingtaine de kilomètres avant Uyuni, une poignée de locomotives acheminées des États-Unis à la fin du XIXe siècle réchauffent leurs antiques chaudières sous le soleil à l'entrée de la mine de Pulacayo. Elles transportaient jadis le minerai d'argent ou d'étain jusqu'à Antofagasta sur la côte Pacifique. L'une de ces honorables ferrailles aurait eu le privilège - ô divine surprise - de se faire attaquer par Butch Cassidy et le Sundance Kid du côté de Tupiza à 100 km d'ici. Mais pour comprendre toute l'affaire, un léger flash-back est nécessaire. On se souvient de cette scène fameuse où Paul Newman et Robert Redford, déjà généreusement farcis de plomb, sortaient de leur cahute pour affronter colt au poing un bataillon entier de soldats venus les arrêter. Le film s'achève sur l'image sépia de nos deux héros figés, moustache au vent, dans leur ultime baroud d'honneur, juste avant la boucherie finale. Le film de George Roy Hill (1969) venait de propulser le mythe de Butch Cassidy et du Sundance Kid dans l'inconscient universel. On se souvient sans doute moins qu'une grande partie de l'histoire était vraie et que ce massacre se situait sur les contreforts andins de la Bolivie. Robert LeRoy Parker avait gagné son surnom de Butch, en travaillant dans sa jeunesse comme boucher dans les ranchs du Wyoming. Un certain Mike Cassidy, garçon de ferme et voleur de chevaux à l'occasion, l'initie à la conduite du bétail, au maniement des armes et gagne sa sympathie. Robert Leroy Parker devient " Butch Cassidy " et vire au sauvageon. Entre 1885 et 1894, il s'adonne avec ferveur au cambriolage de banques, pillage de trains et autres menus chapardages. A sa sortie de prison en 1896 (1 an et demi pour vol de chevaux), il décide de s'acoquiner avec quelques larrons pour former un vrai gang, la " wild bunch ", la horde sauvage, et passer à la vitesse supérieure. L'un d'entre eux s'appelle Harry Alonzo Longabaugh alias le " Sundance Kid ", du nom du pénitencier du Wyoming où il avait pu réfléchir à l'orientation de sa carrière professionnelle pendant 2 ans. Leurs innombrables attaques de train finissent par agacer l'Union Pacific qui fait appel à l'agence de détectives privés Pinkerton. Bientôt la plupart des acolytes sont tués ou capturés. Après une vaine tentative de conciliation avec l'Union Pacific, Butch Cassidy, Sundance Kid et Ethel Place, la copine de ce dernier, prennent la poudre d'escampette en 1901 à bord du vapeur Herminius, direction Buenos Aires.   Pour la faire courte, les deux compères tentent de se ranger des affaires, achètent un joli ranch dans le centre-ouest de l'Argentine, mais le naturel revient au galop. Après quelques hold-ups, ils sont obligés de fuir en Bolivie tandis qu'Ethel Place retourne aux États-Unis. Après avoir fouillé un peu sur internet, je n'ai hélas pas retrouvé trace de l'attaque de ce train qui apportait la paie des mineurs de Pulacayo. La plupart des versions s'accordent en tout cas sur un fin de course en novembre 1908 du côté de San Vicente, à 120 km au sud d'Uyuni. Après avoir attaqué un muletier convoyant la paie de la mine d'argent de la famille Aramayo, ils font halte le 6 novembre à San Vicente chez la maison d'un particulier, Bonifacio Casasola, qui, intrigué par leur allure, file les dénoncer aux militaires du coin. Bientôt, ce n'est pas un bataillon comme dans le film, mais plus raisonnablement une demi-douzaine d'hommes qui cernent la maison. Une solide fusillade s'engage. Puis lors d'un temps mort, on entend une détonation suivie de hurlements, puis un autre coup de feu. On entend plus un bruit de la nuit et le lendemain, le capitaine Justa Concha envoie le propriétaire faire une reconnaissance à l'intérieur de la maison. Il y trouve deux corps criblés de balles, l'un avec une balle dans la tempe, l'autre dans le front. La version historique raconte que Butch a achevé Sundance, blessé à mort avant de se suicider. Pourtant, en 1991, l'anthropologue Clyde Snow fera une analyse ADN des deux corps enterrés dans le cimetière de San Vicente. Chou blanc... Erreur de tombe ou serait-ce qu'en fait Butch et Sundance n'étaient pas les auteurs de ce hold-up ? En Bolivie, les rumeurs sont aussi nombreuses et capricieuses que les humeurs du vent. La soeur de Butch, morte en 1970, a toujours affirmé que son frère était rentré aux USA dans les années 1910 et aurait vécu à Spokane, dans l'Etat de Washington, sous le nom de William Philips jusqu'à sa mort en 1937. Un médecin qui l'avait soigné pour une blessure par balle avant son épopée sud-américaine, affirme par ailleurs l'avoir revu en 1935 et avoir reconnu la cicatrice. Butch lui aurait dit qu'il s'était fait refaire le visage à Paris. Dans le film, coincés dans leur baraque, les deux héros font encore des projets. Butch propose au Kid de partir en Australie : Sundance Kid : C'est ça ta grande idée ? L'Australie, c'est pas mieux qu'ici. Butch Cassidy : C'est ce que tu crois. Sundance Kid : Donne-moi une seule chose mieux qu'ici. Butch Cassidy : Ils parlent anglais en Australie ! Et s'ils étaient partis tous les deux dans le Queensland chasser le kangourou ? 9 Octobre-3Petite balade vers un immense troupeau de lamas9 Octobre-10Photo de groupe à la mine de Pulacayo9 Octobre-11Coucher de soleil depuis un promontoire dominant Uyuni et son salar

9 Octobre-13

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