Bolivie : des tropiques à l'Altiplano
Carnets de voyages - Amériques - Bolivie - 25.09.2013
Le boulot de journaliste ne s'arrête jamais, pas même à table - Un petit peu aux toilettes quand même, faut pas pousser, enfin si justement... mais je m'égare, reprenons - Interview du chauffeur de notre mini-bus entre deux bouchées de pizza oignons-fromage. Ce brave homme à tête de potiche inca porte un nom de héros improbable, un peu comme ceux des romans de Fred Vargas : Zénon Choque, à prononcer xénon choqué. Un nom rare, un nom de gaz rare même. Voici 25 ans, notre Zenon a déboulé de ses hauts plateaux les poings au fond des poches et le bonnet enfoncé jusqu'aux yeux. Les poches étaient vides, et les yeux pochés par la misère. Son petit coin d'altiplano, Aroma dans le département d'Oruro vers Uyuni, n'avait pas vu la pluie depuis plus de trois ans. Notre bonhomme chassé par la sécheresse a bien réussi depuis, s'est acheté deux petits bus Toyota et a mis ses parents restés au pays à la culture de la quinoa. Bingo, cette pseudo-céréale pour vrais-bobos a vu ses prix grimper aux rideaux. Entre 500 et 3 000 USD la tonne. Il faut dire que les riches occidentaux qui surveillent leur santé comme le lait sur le feu l'achètent depuis maintenant 10 ans par brouettes entières. La famille Choque cultive une dizaine d'hectares et parvient à récolter environ 4 tonnes tous les trois ans - c'est que la terre n'est pas bien riche non plus et qu'elle doit se reposer. Alors à vos calculettes : avec les revenus de leur quinoa, combien les Choque peuvent-ils s'acheter de litres de Singani, un casse-pattes à 45° vendu 50 Bolivianos la bouteille de 75 cl (1$ = 9 bolivianos, ouvrez le journal pour le cours du dollar) pendant une année bissextile à 2 500 USD la tonne sachant que le lama de la maison mange 15 % de la récolte et que ce salaud de Morales leur en pique 25 % ? Bon, en fait, Morales est très gentil avec ses copains des hauts plateaux : il est né à Orinoca pas loin d'Aroma, le village de Zenon et a électrifié toute la région voici deux ans. Chez les Choque, on a le téléphone sans fil, des portables sans fil non plus et on regarde désormais les télénovelas mexicaines ou vénézueliennes sur la télé couleur sans le bruit du générateur. Au point que notre Zenon envisage d'y retourner pour sa retraite. Puisque je vous dis que Morales, c'est un bon gars... Le site de "El Fuerte" à SamaipataCes ruines datent de l'époque Mojocoyas et Chanes (800 à 1300 après JC)Ce site rituel fut réutilisé ensuite par les Incas puis les Conquistadors
Cascade de las Cuevas, vue sur le parc d'Amboro,
cactus poussant sur les toits à Samaipata
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