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Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano écrit par Christian JUNI :  Le Mag' de Tirawa

Carnet de voyage rédigé par Christian JUNI

Bolivie : des tropiques à l'Altiplano

- Bolivie : des tropiques à l'Altiplano -

Bolivie, Amériques

Aujourd'hui, j'aurais pu vous dépeindre en termes choisis l'aveuglant miroir de sel d'Uyuni, l'infini, l'immensité et la vastitude de ce grand "Ténéré blanc", l'incroyable beauté de cet espace si vide qu'il laisse deviner la rotondité de la Terre, blablabla, mais je préfère laisser le terrain aux rimailleurs de guides de voyage et autres poètes de brochures de TO. Je vais plutôt vous parler de macchabées. L'autre soir, au dîner, alors que nous venions de visiter une nécropole précolombienne, nous évoquions entre deux gorgées de Malbec - le Français à l'étranger se doit d'expérimenter les produits locaux - notre rapport à la mort - le Français à l'étranger sait tenir des conversations de haute volée. Certains d'entre nous faisaient part de leur réticence à contempler momies et autres squelettes mal en point, un spectacle à leurs yeux voyeuriste qui les mettaient mal à l'aise. Un sentiment tout à fait compréhensible notamment lorsqu'on est amené à étudier les petits corps desséchés de jeunes enfants blottis dans le fond d'une poterie ou recroquevillés dans la poussière d'une tour funéraire. Au moment même où le sujet était abordé, je m'étonnai en mon for intérieur - oui, même moi, j'en ai un - de ne pas partager ce point de vue et même d'être particulièrement intéressé par l'étude attentive de ces morts. Il me semble que ces cadavres, malgré leur fraîcheur toute relative, ont beaucoup à apprendre aux vivants. Les méchantes loques qui les recouvrent,  jadis étoffes luxueuses et riches atours confectionnés avec soin pour le " grand passage ", les mèches folles racornies sur leurs crânes comme des vers marins agrippés à leur rocher, autrefois longues chevelures soyeuses, les peaux parcheminées qui ont sans doute connues les baisers les plus doux, sont autant de "memento mori" qui nous rappellent la fragilité de la vie et nous invitent à en savourer la moindre goutte. Après un autre verre de vin - un cépage différent qui nécessitait une dégustation appropriée - je me disais même que l'idée d'être exposé dans une vitrine d'ici un bon millier d'années pour l'édification des masses et de la jeunesse méritante n'était pas pour me déplaire. Je m'imagine ramassé en position foetale sous les haillons de ma chemise La Redoute, fixant de mes orbites creuses le visiteur un peu ému. Ma peau fine et bronzée révèlera avec complaisance de robustes os d'un blanc nacré, spectacle qui ne manquera pas de susciter quelques sifflements admiratifs de la part de l'assistance ébaudie. " Fichtre, quel gaillard c'était là ! " s'exclameront les uns. " Il avait une tête sympathique, je suis sûr qu'il avait un bon fond " s'écrieront les autres. Il y aura bien un couillon ou deux pour se gausser d'un plombage défectueux ou de mes genoux devenus cagneux. Mais qu'importe. Et lorsque passeront derrière la vitre deux ou trois morveux turbulents, encore trop jeunes pour appréhender la mort et la respecter, je décocherai à leur encontre mon sourire le plus grimaçant pour peupler leurs nuits de cauchemars 14 Octobre-4Lever du soleil sur le salar d'Uyuni14 Octobre-314 Octobre-214 Octobre-5Arrivée au Mirador du Thunupa, 4660m14 Octobre-6Le salar d'Uyuni depuis le Mirador du Thunupa14 Octobre-7Chemin de descente depuis le mirador du Thunupa14 Octobre-8Le premier hôtel de sel, situé sur le salar lui-même14 Octobre-9Exploitation du sel sur le salar14 Octobre-11Coucher de soleil sur le salar d'Uyuni

 

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