Horizon : Le Mag' de Tirawa

Le Mag' de Tirawa : Carnet de voyage - Voyage au Ladakh

Voyage au Ladakh

Carnet de voyage rédigé par Jean-Jacques Fresko et Christian Juni

Voyage au Ladakh

- Voyage au Ladakh -

Inde, Asie Pacifique

7 septembre-10 Au monastère de Tak Tok CHIENS PERDUS SANS COLLIERS. On ne voit guère de chats au Ladakh. Mais des chiens, si. Partout : en ville, dans les villages, dans les champs. Des chiens de toutes tailles, de toutes races, de tous mélanges de races. Ce sont des chiens sans maître, qui n'ont rien à garder, rien à chasser, rien à aimer. Ils ne font pas pitié : ils sont dodus et semblent, pour l'essentiel, bien portants. La population se fait un devoir de les nourrir. Ils passent leurs journées couchés, placides, silencieux. Mais la nuit c'est une autre musique : les paisibles toutous se muent en clébards hurlants, vociférants. Ils se communiquent les nouvelles du jour, règlent leurs comptes ou se disputent les faveurs des belles. A plusieurs reprises au petit déjeuner, on a entendu des propos assassins, manifestant une volonté canicide mal dissimulée... Ces chiens sont paraît-il les réincarnations des mauvais moines bouddhistes, ceux qui ont failli à leur mission de prière et de prédication. De jour en jour, de monastère en monastère, notre culture bouddhique progresse. Oh, il est fort improbable que d'ici la fin du parcours nous ayons tous trouvé l'Illumination, mais quand même. Grâce au support des fresques des temples (quand elles ne sont pas bouffées par la suie des bougies d'offrandes), la pédagogie de Motup fait merveille.

 

Au monastère de Chemdey, il nous raconte l'histoire de Milarepa, le seul personnage qui ait trouvé l'Illumination dans le cours d'une seule vie. Record à battre. On résume : victime d'une grave injustice familiale, Milarepa part apprendre la magie noire puis revient au village exercer sa terrible vengeance, semant la mort et la désolation. Prenant soudain conscience du sale coup porté à son karma, il abandonne village, famille et vengeance et part se confier à un grand maître tibétain. Avant de l'accepter auprès de lui, celui-ci lui ordonne de construire un temple de 10 étages, en un lieu fixé, en n'utilisant que des pierres d'une autre vallée, du mortier d'une autre encore, et de l'eau d'une troisième. Milarepa s'exécute. Mais il a triché : l'une des pierres, une seule, ne vient pas de la vallée prescrite mais des abords du chantier. Le Maître ordonne que le temple soit détruit, et Milarepa dut recommencer. Cette fois fut la bonne : admis auprès du Maître, il suivit fidèlement son enseignement et, donc, rencontra l'Illumination. 7 septembre-8Gompa de Chemre Un peu plus loin, nous trouvons une figure qui tend à nous devenir familière : le Bouddha de la Compassion, avec ses mille bras et ses onze têtes. Mille bras, pour aller repêcher en enfer les âmes en peine et leur offrir un statut plus convenable dans le cycle de la vie. Onze têtes, parce qu'à chacune de ses tentatives, les âmes des pécheurs retombent invariablement en enfer, marquant par là les limites des pouvoirs du Bouddha. A chaque échec, une nouvelle tête apparaît. Le sort des damnés lui prend littéralement la tête. Ces deux histoires conduisent à la même conclusion : pour les bouddhistes, chacun est maître et responsable de son destin, de son karma. Chaque action trouvera sa sanction, en bien ou en mal, dans cette vie ou dans une suivante. Et Bouddha lui-même n'y peut rien changer. Soit. Mais peut-être pourrait-on revoir légèrement l'échelle des peines ? Les moines déchus, au lieu d'être réincarnés en chiens hurleurs, pourquoi ne le seraient-ils pas en poissons ? En carpes, par exemple ? Pour eux, ça ne changerait pas grand chose. Mais pour le sommeil des honnêtes gens... ladakh-blog7 septembre-1L'automne sur les rives du Pangong Tso7 septembre-3Les rives du lac Pangong Tso

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