Voyage au Ladakh
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Inde - 29.08.2013
Monastère de Sani
Un monastère est un lieu de recueillement. De prière. De méditation. Soit. Mais de tristesse ? D'abandon ? De délabrement ? Parmi les monastères que nous avons visités depuis le début de notre périple, nombreux sont ceux qui sont fermés, habités au mieux par un unique moine dont les activités multiples ne lui laissent pas le loisir d'entretenir ce patrimoine inestimable, ni même de le garder disponible pour les fidèles ou les visiteurs de passage. Ces monastères sont riches de l'écrin de nature que leur ont choisi leurs bâtisseurs, des hardiesses architecturales de leurs maîtres d'oeuvres, des trésors artistiques que représentent fresques, peintures, statues et Tangkhas (tissus peints de motifs spirituels). Bref, ils sont riches de leur passé. Leur présent paraît plus misérable. Dans les monastères où des moines sont présents, on n'a pas le sentiment que l'entretien des lieux soit leur préoccupation principale. Certes, la prière... Mais tout de même : vitres brisées, ou rendues opaques par la saleté, murs lépreux, escaliers qui parfois se dérobent. Les occupants eux-mêmes négligent visiblement la lessive de leurs vêtements... Une exception notable : la nonerie de Zangla. Les bâtiments sont propres, le jardinet fleuri, l'ensemble et pimpant, accueillant. Comme les moniales. Relever que les communautés féminines sont comme toujours mieux tenues que les masculines paraît un peu court comme explication. Mais on n'en voit pas d'autre... Tous ces monastères aujourd'hui désertés sont à tout le moins les indicateurs d'une crise des vocations. S'ils ont été construits, c'est bien qu'ils ont correspondu à un besoin, que des religieux en nombre suffisant pouvaient les occuper, les faire vivre. Faute de documentation ou de source pertinente accessible (pas d'internet sous la main...), impossible de caractériser ou de quantifier cette éventuelle crise des vocations. Restons-en donc à l'hypothèse. Assez crédible, tout de même... Motup nous affirme que cette crise ne se double pas d'une crise de la pratique, que le bouddhisme est aussi une affaire privée, qui se pratique en famille. Admettons. Ce désamour des fidèles explique-t-il l'espèce de déprime dont semblent souffrir les moines, et qui les conduit à se négliger eux-mêmes ? Ou leur méditation les conduit-elle à te tels niveaux d'élévation spirituelle que les contingences de ce monde -hygiène comprise- leur paraîtraient viles ? Derniers rayons de soleil sur Rangdum Gompa
Soyons juste : certains monastères sont entretenus. Les murs sont repeints. Les sols fraîchement carrelés. Mais mal. Les peintures dégoulinent, la chaux des murs colonise la charpente sur plusieurs centimètres, les carreaux sont disjoints, les robinets fuient. Ce constat ne se limite pas aux lieux saints. Il est général. Au Ladakh, un lavabo correctement fixé est une exception, un tuyau d'eau étanche sur tout son parcours une sorte de miracle, un mur d'équerre une probable erreur. Le présumé vague-à-l'âme des religieux aurait-il gagné la société ladakhie tout entière ? Là, on peut risquer une explication plus prosaïque : ce territoire doit terriblement manquer d'artisans qualifiés, de professionnels compétents. La pauvreté générale ne saurait tout expliquer : un robinet correctement fixé ne coûte pas plus cher qu'un autre qui se dérobe quand on prétend l'actionner. Pas plus cher en roupies, en tout cas. En savoir-faire, c'est autre chose. On rêverait bien sûr que dans un proche avenir les écoles ladakhies forment les peintres, plombiers, carreleurs, maçons qui sauront faire pimpants monastères et bâtiments laïcs. Une visite chez l'esthéticienne, un peu de cosmétique, contribuent parfois à soigner le vague-à-l 'âme... Monastère de Pipiting
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