Voyage au Ladakh
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Inde - 29.08.2013
Vallée de l'Indus depuis les terrases du monastère de TikseDIEU ET L'INDUS
On dit de l'Egypte qu'elle doit le Nil à Dieu et tout le reste au Nil. Il en va de même du Ladakh : il est difficile de dire à quel dieu il doit l'Indus, mais il est certain que tout le reste, c'est à l'Indus qu'il le doit. De la Lune, du reste, Egypte et Ladakh doivent avoir sommairement le même aspect : un long ruban vert, une oasis linéaire dans un univers minéral. Ici s'arrêtent les ressemblances : le Nil se déploie sur un décor désertique horizontal, et l'Egypte contrôle son fleuve sacré se sa source, ou presque, à son delta. L'Indus, lui, a inventé la verticalité. Il creuse sa piste au pied des massifs dont les sommets dépassent les 6 000 mètres. Et surtout, le Ladakh reçoit son artère vitale du Tibet et la livre au Pakistan où se trouve l'essentiel des 3 200 kilomètres de son cours. Doublement sacré (il l'est pour les Hindous et pour les Bouddhistes) le fleuve qui donne son nom à l'Inde et la vie au Ladakh ne fait qu'y passer. Parfois, la géographie se plaît à jouer de la métaphore... Vieux pont sur l'IndusSi la région de Sham, en aval de Leh, est riche, c'est des milliers d'abricotiers que le fleuve irrigue. La capitale du Ladakh doit son emplacement au fait que la vallée de l'Indus, voie naturelle de communication et de commerce, est plus facile à traverser là. Leh est devenue, comme une évidence, le carrefour des échanges de toisons de laine pashmina, pierreries, ou beurre de drimo. Oui, de drimo. Le beurre de yak ça n'existe pas. Un yak ne donne pas plus de lait qu'un boeuf ! Au Ladakh comme ailleurs le lait est d'origine féminine. Son lit, l'Indus ne l'a pas creusé tout seul. La tectonique des plaques l'a largement aidé. Il y a 160 millions d'années, quand la plaque indienne -"récemment" débarrassée de l'Australie- est venue percuter la plaque "Eurasie", le choc titanesque a fait émerger des plissements, des émergences qui ont constitué l'Himalaya. Dans les plis de ce froissement, des passages se sont fait jour. L'Indus n'eut plus qu'à venir occuper l'un d'entre eux et, comme tout bon fleuve, à finir lez travail en érodant les bordures de son cours. Les entrailles dela terreVoilà pour la carte d'identité. Mais connaît-on quelqu'un quand on a consulté sa carte d'identité ? Que sait-on d'une personne, de son sourire, de ses travers, de sa générosité ou de sa ladrerie, du charme de son visage, au vu d'un document administratif ? Pour décrire la vallée de l'Indus, il faudrait évoquer le galbe de ses flancs, les couleurs de ses eaux, celles de la roche, les multiples formes qu'elle invente au fil des kilomètres. Il faudrait dire, surtout, les contrastes violents que réserve la route : tantôt elle musarde près du fleuve, et vous fait éprouver, charnellement, l'éruption de la vie, des arbres, des cultures, des pâturages. Parfois elle s'éloigne de l'eau, s'élève en plateau, et alors bienvenue sur la Lune : tout n'est que rocs et cratères. Dans ces moments, il est impératif de lever la tête : les chances d'apercevoir, perché, un monastère bouddhiste sont élevées. Route dans les gorges de l'IndusIci comme dans d'autres régions du monde qui nous sont plus familières, les religieux ont su, très tôt, habiter la beauté des sites.
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