Grand tour du Mexique avec Christian Juni
Carnets de voyages - Amériques - Mexique - 04.09.2024
Ce matin, visite de l'ancienne capitale du royaume Tarasque : Tzintzuntzan. Le site archéologique de Tzintzuntzan est composé surtout de ce qui constituait le centre cérémoniel. Il est situé sur une grande plateforme artificielle creusée dans la colline de Yahuarato surplombant le lac de Patzcuaro. Son centre cérémoniel comporte une grande place et plusieurs bâtiments connus comme étant la maison des prêtres et de la noblesse. Mais l'attraction principale provient des "cinq yacatas" ou pyramides semi-circulaires qui se détachent sur le panorama du lac. Ce centre cérémoniel était appelé Taríaran ou "Maison du Vent". Ce site était également une fortification défensive en plus d’être un centre religieux.
Depuis ce site, descente en quelques minutes vers le cimetière de Tzintzuntzan où l’activité bat son plein avec en fond sonore un orchestre aux cuivres tonitruants.
Petites explications sur le Día de los Muertos, connu pour ses couleurs extravagantes et ses déguisements de squelettes. Cependant, la signification de cette fête est bien plus symbolique et ancienne que l'on pourrait le croire… et ce n’est pas une version mexicaine d’Halloween. Bien que liés, ces deux événements annuels diffèrent grandement en termes de traditions et de tonalité. Alors que pour le dernier jour du mois d’octobre, Halloween fait place à la terreur et aux farces, les festivités du Día de los Muertos ont lieu les deux premiers jours de novembre, dans une explosion de couleurs et de joie de vivre. Le thème reste la mort mais il s’agit de manifester de l’amour et du respect envers les membres de la famille qui ne sont plus parmi nous. Dans les villes et villages du Mexique, les personnes qui participent à cette fête se maquillent et se déguisent, organisent des défilés et des fêtes, chantent et dansent, et font des offrandes aux êtres chers disparus.
On parle de jour des morts… mais en réalité :
- La fête commence le 27 octobre, jour de célébration pour les animaux domestiques (chiens, chats, perroquets…) et cela se passe en général au sein des maisons.
- Le 28 octobre, ce sont les enfants décédés de moins de 9 ans que les familles honorent.
- Le 29 octobre, jour pour les fœtus enterrés.
- Le 30 octobre, célébration pour tous ceux qui sont morts tragiquement (accidents de la route, homicides…)
- Le 31 octobre, on fête les morts par noyade. La natation, par manque de structures adaptées, est réservée aux riches !
- Le 1er novembre, c’est la plus grosse fête car elle correspond aux morts en général.
- Le 2 novembre, ce sont les personnes âgées qui sont à l’honneur. Au Mexique, on est âgé à partir de 65 ans.
Cette célébration des morts est vieille de milliers d’années. Chez les Aztèques, les Toltèques et d’autres peuples Nahua, la mort était vue comme une phase naturelle du long continuum de la vie. Ainsi, les morts étaient toujours des membres de la communauté, maintenus en vie par la mémoire et l’esprit, et, à l’occasion de célébrations particulières, ils revenaient temporairement sur terre.
La célébration moderne du Día de los Muertos est un mélange de rites religieux préhispaniques et de fêtes chrétiennes. Comme vu précédemment, l’apogée a lieu le 1er et le 2 novembre, le jour de la fête de la Toussaint et le jour de la commémoration des fidèles défunts de l’Église catholique, au moment de la récolte du maïs, à l’automne.
Cette fête est reconnue par l’UNESCO. Le patrimoine culturel ne concerne pas uniquement les monuments et collections d’artefacts. Selon l’UNESCO, le patrimoine culturel comprend également toutes les traditions, expressions vivantes de la culture, transmises de génération en génération. En 2008, l’UNESCO a reconnu l’importance du Día de los Muertos en l’ajoutant à sa liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Aujourd’hui, les Mexicains de toutes origines religieuses et ethniques célèbrent le Día de los Muertos, mais cette fête est avant tout une manière de commémorer la vie des peuples natifs.
Les autels ont une tradition importante. La pièce maîtresse de la célébration est un autel, ou ofrenda, construit dans les maisons privées et les cimetières. Ces autels ne sont pas destinés au culte, mais à accueillir les esprits qui font leur retour dans le royaume des vivants. Ils sont donc chargés d’offrandes : de l’eau pour étancher la soif après le long voyage, de la nourriture, des photos de famille et une bougie pour chaque parent décédé. Si l’un des esprits est un enfant, on peut y trouver de petits jouets.
Les fleurs qui sont les plus utilisées pour décorer ces autels sont les œillets d’Inde (fleur de la mort qui représente le chemin de la lumière), en langue locale : tzempatzuxil. Dispersés de l’autel aux tombes, les pétales guident les âmes errantes vers leur lieu de repos. La fumée de l’encens de copal, fabriqué à partir de résine d’arbre, transmet les louanges et les prières, et purifie la zone autour de l’autel.
Un autre élément important… la Calavera Catrina. Au début du XXème siècle, le caricaturiste politique et lithographe mexicain José Guadalupe Posada créa une gravure pour accompagner une calaveras literarias (satire qui paraissait dans la presse lors de la fête des morts). Posada habilla sa personnification de la mort avec des vêtements français et la baptisa Calavera Garbancera, dans le but de commenter l’imitation de la sophistication européenne par la société mexicaine de son époque.
« Todos somos calaveras », une citation que l’on attribue souvent à Posada, signifie que nous sommes tous des squelettes et que sous tous nos oripeaux artificiels, nous sommes tous les mêmes.En 1947, l’artiste Diego Rivera reprit le squelette stylisé de Posada dans son chef-d’œuvre mural intitulé Sueño de una tarde dominical en la Alameda Central. Le buste squelettique de Posada était habillé d’un grand chapeau féminin ; Rivera en fit un personnage féminin qu’il nomma Catrina, un terme signifiant « les riches » en argot. Aujourd’hui, la calavera Catrina, ou crâne élégant, est le symbole le plus omniprésent du Día de los Muertos.
Il est important d’offrir de la nourriture aux morts. Voyager du monde des esprits vers le monde des vivants, ça donne faim ; c’est du moins la croyance traditionnelle au Mexique. Certaines familles placent donc sur l’autel le repas préféré de l’être cher décédé. Parmi d’autres offrandes courantes, on trouve également :
- Le pan de muerto, ou pain des morts, un pain sucré typique souvent agrémenté de graines d’anis et décoré d’os et de crânes faits de pâte. Les os peuvent être disposés en cercle, pour représenter le cycle de la vie. De petites larmes de pâte symbolisent quant à elles le chagrin.
- Les crânes en sucre font partie de la tradition de l’art du sucre apportée par les missionnaires italiens du XVIIème siècle. Pressés dans des moules et décorés de couleurs cristallines, ils sont de toutes tailles et de tous niveaux de complexité.
- Le pulque est également utilisé pour célébrer cette fête. Il s’agit d’une boisson fermentée sucrée fabriquée à partir de sève d’agave, d’atole (une fine bouillie chaude à base de farine de maïs à laquelle on ajoute du sucre de canne non raffiné, de la cannelle et de la vanille), et de chocolat chaud.
Lors de cette fête, les costumes et déguisements font partie du rite. Se déguiser en squelette fait partie intégrante du plaisir. Des personnes de tous âges se peignent le visage pour ressembler à des crânes et, tout comme la calavera Catrina, portent des costumes et des robes fantaisistes. De nombreux participants portent également des coquillages ou d’autres objets bruyants pour accentuer l’ambiance de la célébration… mais aussi pour réveiller les morts et les garder près d’eux le temps de la fête.
Autre symbole utilisé lors de cette fête : les papel Picado, ou papiers percés. Pour les fabriquer, les artisans empilent du papier de soie coloré en dizaines de couches, puis perforent ces couches avec des marteaux et des pointes de ciseaux. Le papel picado n’est pas utilisé uniquement pendant le Día de los Muertos, mais il joue un rôle important dans cette célébration. Drapé autour des autels et dans les rues, cet art représente le vent et la fragilité de la vie.
Retour à Morelia, la ville rose, appelée ainsi à cause du type de granite utilisé pour la construction de ses édifices. Morelia fut fondée par Antonio de Mendoza, le 18 mai 1541, et porta longtemps le nom de Valladolid. Elle a été renommée en 1828 en l'honneur du héros de l'indépendance José María Morelos y Pavón, qui y était né. La richesse du patrimoine baroque de Morelia, en particulier de sa cathédrale des XVIIème et XVIIIème siècles, a fait inscrire la ville sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO depuis 1991.
La ville est toujours en fête, la place d’arme occupée par nombre d’autels et les restaurants bondés de gens… heureux de vivre.
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