Le pèlerinage des 88 Temples de Shikoku
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Japon - 11.10.2022
Les conditions d’entrée au Japon ont évolué de jour en jour, passant d’un isolement total à une ouverture complète du pays. Il y a encore quelques tracas administratifs mais globalement, grâce à la gentillesse et à la courtoisie extrême du peuple japonais, notre voyage entre Paris et Osaka s’est déroulé sans problèmes. Seul bémol ? La durée du voyage en avion ! Il a augmenté de quelques heures… guerre en Ukraine oblige. Ainsi, au lieu d’un trajet qui survole principalement la Russie, nous sommes passés au-dessus de la mer Noire, de la mer Caspienne, du Turkménistan, de l’Ouzbékistan, du Kazakhstan, de la Chine et de la Corée du Sud !
A l’arrivée à Osaka, nous sommes rapidement sortis de l’aéroport, et avec l’aide de Nicolas, notre agent local, nous sommes allés récupérer nos deux véhicules de location qui vont nous servir de camp de base mobile pour ce périple. Sans ces véhicules, il est impossible de réaliser ce circuit totalement en dehors des sentiers battus !
Déjà utilisée en 2018 lors d’un précédent périple entre autres sur Shikoku, la technique, lors des journées de marche, est la suivante : le premier minibus (appelons le V1) se rend à un point de départ défini (appelons le point A) avec la moitié du groupe. Marche de ce point A au point B, terme de cette journée de marche. L’autre moitié du groupe se rend avec le deuxième véhicule (appelons le V2) directement au point B et réalise la marche dans le sens inverse, de B vers A. Au milieu de l’itinéraire, les deux guides échangent les clefs (en fait cette année on planque les clefs sous chaque véhicule) et tout le monde se retrouve le soir à l’hébergement ou dans un autre endroit fixé d’avance. Cette technique sera utilisée lors de la majorité des journées de marche.
Pour aujourd’hui donc, en route pour notre premier hébergement, situé sur l’île de Shikoku. Les deux chauffeurs (Luciano et votre serviteur) ont déjà des milliers de kilomètres en compteur sur les routes japonaises, alors pas de soucis. Ici, on roule à gauche, les règles de circulation sont strictes : 40 km/h dans les villages, 50 sur les routes nationales et 70 sur les autoroutes et dire que les français râlent ! Et au Japon, peu de bouchons : on ne peut posséder une voiture que si on a une place de parking privative !
L’autoroute va suivre le bord de la baie d’Osaka, passer à côté de Kobe puis emprunter un long pont suspendu qui relie la grande île de Honshu à celle d’Awaji-shima. Un autre pont suspendu (Onaruto bridge) relie cette île à celle de Shikoku. Sortie de l’autoroute au niveau du temple de Ryozenji. Nous sommes devant le temple n°1 du pèlerinage de Shikoku. Pas de marche aujourd’hui mais nous allons y faire un stop pour nous mettre dans l’ambiance et rendre hommage à Kukai.
C’est le personnage central qui rythme ce pèlerinage. Né en 774 dans une famille aristocratique, il reçoit de ses parents le prénom de Mao (poisson de vérité). Il devint Kukai en 804 à l’âge de 30 ans et eu le titre de Kobo Daishi en 921, longtemps après sa mort. Kobo Daishi signifie « grand instructeur qui a répandu la loi ». Nous irons d’ailleurs nous recueillir, après les 88 temples, devant son ultime refuge, à Koyasan (dans la péninsule de Kii, sur l’île de Honshu).
Ici, un pèlerin s’appelle henro et le Japon étant un pays pétri de conventions, il est de bon ton d’avoir la panoplie complète du parfait disciple de Kukai. Dans le désordre nous allons pouvoir acheter (ou plus simplement contempler) :
- le large chapeau de bambou tressé : sugegasa
- la veste de coton blanc : hakui si elle est à manches longues ou oizuru si elle est à manche courte. Dans le dos de cette veste et en caractères japonais, il est écrit que le pèlerin n’a pas peur de la mort et qu’il est prêt à l’accueillir à tout instant !
- l’étole portée autour du cou : wagesa. La couleur de celle-ci est fonction du nombre de tours complets déjà effectués
- le credential, spécial Shikoku, où chaque temple a sa page : nokyosho. S’il n’y a qu’une chose à avoir, c’est bien ce petit livre. Trois sceaux rouges et une belle calligraphie viennent attester du passage dans un temple, moyennant 300 à 500 yens que l’on remet au moine copiste.
- la musette blanche portée en bandoulière : zudabukuro. Ce sac sert à transporter les autres éléments indispensables à ce pèlerinage : bâtons d’encens, briquet, bougies, carte du chemin…
- la clochette : jirei
- le rosaire avec 108 perles polies : juzu
- les cartes de visite : osame-fuda. Comme pour l’étole, la couleur est fonction du nombre de tour effectués : le blanc (1 à 4 tours), le vert (5 à 7 tours), le rouge (8 à 24 tours), l’argent (25 à 49 tours) et l’or (50 à 99).
- le bâton : kongozue. Il est l’incarnation de l’esprit de Kobo Daishi. Autrefois, ce bâton servait aussi de stèle funéraire pour ceux qui mourraient en chemin.
Après recueillement et shopping, direction la ville d’Awa où nous allons nous installer pour 3 nuits consécutives.
En relation avec cet article
- ça serait dommage de passer à côté... -
- Tous nos circuits -
- Nos départs garantis -