Le pèlerinage des 88 Temples de Shikoku
Carnets de voyages - Asie Pacifique - Japon - 11.10.2022
Ce matin, après le petit déjeuner, nous mettons en application notre système de croisement de véhicules. La moitié du groupe part avec l’un des deux accompagnateurs et le véhicule 1 : votre serviteur. Direction Ryozenji, le temple 1. Au programme, une marche moitié urbaine, moitié nature vers Gokurakuji (temple 2) > Konsenji (temple 3) > Dainichiji (temple 4) > Jizoji (temple 5) > Anrakuji (temple 6).
Chaque temple a ses particularités, son histoire, son cadre unique. Si l’on veut respecter les usages, il faudra suivre un rituel immuable. En arrivant devant un temple, il convient de s’arrêter sous le porche qui en ouvre l’accès et de saluer en se courbant vers l’avant respectueusement. Puis, après avoir pénétré dans l’enceinte du temple, il convient de se purifier à la fontaine. C’est généralement un dragon en bronze qui crache un filet d’eau pure. Des écuelles fixées à de longs manches permettent de se rincer les mains.
Le pèlerin sort alors son étole et son rosaire avant d’aller sonner la cloche (bonsho) à l’aide d’une poutre horizontale retenue par des cordes (attention, ne jamais sonner la cloche en sortant du temple… cela porte malheur). Il faut ensuite glisser un osame-fuda (carte de visite) dans l’urne prévue à cet effet, allumer une bougie puis trois bâtons d’encens et faire une offrande. Le pèlerin récite ensuite des sutras devant le temple principal et les temples secondaires. Alors seulement il est possible d’aller faire signer son nokyosho au moine copiste qui apposera ses trois tampons à l’encre rouge et sa belle calligraphie sur votre carnet. Il est temps ensuite de sortir de l’enceinte en récupérant son bâton !
Le Ryozenji, littéralement le temple du pic du vautour, appartient à la branche Kōya-san du bouddhisme Shingon (comme les deux temples suivants). C'est le premier des quatre-vingt-huit temples sur la route du pèlerinage de Shikoku, l'image principale de vénération en est celle de Shaka Nyorai. Le Ryozenji aurait été fondé par Gyōki durant l'ère Tenpyō (VIIIème siècle), ses bâtiments sont des remplacements plus récents après des dommages causés par des incendies. Yūben Shinnen identifie le temple comme étant le premier du pèlerinage dans son « Shikoku henro michishirube » de 1687 et les guides suivants ont emboîté le pas. Il est de coutume de revenir à Ryozenji après avoir terminé le pèlerinage, c’est d’ailleurs ce que nous ferons.
Après 1,2 km de marche, arrivée à Gokurakuji. Son image principale est celle d'Amida Nyorai, la divinité de la lumière. La statue aurait été sculptée par Kukai lui-même ! Il y a un grand cèdre du Japon dans la cour, appelé Chomey-sugi. Il est censé apporter la longévité à ceux qui le touchent, et aussi apporter aux femmes qui prient un accouchement facile !
De part et d’autre du portique qui marque l’entrée des temples se trouvent deux statues en bois représentant des divinités à l’air effrayant, ce sont les Nio. Ces statues sont les gardiennes des sanctuaires et sont censées empêcher les mauvais esprits et les démons d’entrer dans l’enceinte du temple. Ungyo est toujours représenté la bouche fermée. Il symbolise la force latente. Agyo, quant à lui, a la bouche ouverte et montre les dents. Il est le symbole de la violence accrue.
Trois kilomètres plus loin, nous arrivons à Konsenji. L’image principale de Konsenji (temple 3) est celle de Shaka Nyorai. Il a été reconstruit au cours de l'époque d'Edo après avoir été incendié par les Chōsokabe. Konsenji peut se traduire par puits d'or. Selon la croyance, les visiteurs qui voient leur reflet dans le puits vivront jusqu'à 92 ans. Sinon, le décès surviendra dans les trois mois !
Sur le chemin du temple suivant, nous marchons avec un pèlerin japonais fort sympathique. Avec lui nous sommes invités par une femme qui habite une coquette maison au bord du chemin. Cette maison est entourée d’un verger, remplis de kakis. Elle nous invite chez elle, et pendant 45 minutes nous partageons un moment magique en dégustant ces fruits. Cette tradition s’appelle « osettai ».
Juste après, nous arrivons au temple n°4 : Dainichiji. Il aurait été fondé par Kōbō Daishi qui a aussi sculpté la principale image : la statue de Dainichi Nyoraila. Le couloir à droite du temple principal contient 33 statues Kanon, données par les citoyens d’Osaka au XVIIIème siècle.
Un peu plus loin, Jizoji (n°5) est un temple de l'école Omuro du Bouddhisme Shingon. L'image principale est celle d'Enmei Jizō Bosatsu. Entre le hall principal (Hondo) et le daishido, on peut voir un gingko agé de 800 ans. Le hall Goyaku renferme environ 200 statues de bois, représentations de Rakan, disciples de Bouddha ayant atteint l'illumination.
Dernier temple de la journée : Anrakuji. C’est aussi un temple bouddhiste de l'école Shingon. Comme plusieurs temples du pèlerinage, Ankaruji est un tsuyado, ce qui signifie qu'il offre le gîte aux pèlerins. Son image principale est celle de Yakushi Nyorai.
Au total environ 17 kilomètres aujourd’hui sans beaucoup de dénivelé. A la fin de la balade, nous récupérons le véhicule 2 garé devant le dernier temple. Transfert à notre hôtel à Awa. Pour le groupe 2, le programme a été le même mais à l’envers. Quelques-uns iront mijoter dans les sources d’eau chaude et les autres boirons peut-être du saké !
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