Exploration dans la Péninsule Antarctique
Carnets de voyages - Amériques - Argentine - 01.01.2009
Carte de la Péninsule
Le Grand Sud
La Péninsule Antarctique, c'est le sud... Le grand sud, tout en bas du globe... Là-bas où, la tête à l'envers, on découvre la beauté des choses dans la lumière d'un monde que le Cercle Polaire irise. Que dire de ces paysages uniques composés de masses glaciaires et de rocs désolés hantés de pétrels et de sternes tournoyant et piaillant dans l'air blême ? Que dire de ces terres pétrifiées et sèches caractérisées par un froid extrême, mais dont les régions côtières connaissent des régimes plus cléments et des températures, en été, parfois positives ? Comment décrire ce monde animal de manchots en procession se rendant à quelque mystérieux office sous l'oeil rond d'éléphants de mer ou des phoques de Weddell, impassibles, contemplant l'apparition d'un orque ou d'une baleine à bosse dans le miroir des eaux grises et glacées ? Comment décrire cette lumière tellement subtile et de tous les tons qui vient habiller et donner vie à ce qui ne pourrait être sans elle ?
La Péninsule Antarctique
L'Antarctique, continent inhabité de 14 000 000 de km², projette au nord-ouest sur environ 1500 km, la Péninsule que nous tenterons de découvrir au cours de cinq semaines de navigation. Après avoir quitté Ushuaia le cap sera mis au sud sud-est, sur la Mer de Scotia et l'archipel des Shetland qui délimite, avec le Cap Horn, le passage de Drake, frontière maritime et voie naturelle entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Situées à 120 km plus au nord, ces îles sont séparées de la Péninsule par le détroit de Bransfield qui, une fois franchi, en permettent l'accès par 63° de latitude sud. La Péninsule Antarctique, de Bransfield Island en son extrémité septentrionale jusqu'à sa base en territoire d'Ellsworth est composée de deux terres distinctes et équivalentes :
- Au nord, la Terre de Graham et l'île Petermann où Charcot et son "Pourquoi Pas IV" hiverna durant sa deuxième expédition au cours des années 1908-1910 ;
- Au sud la Terre de Palmer et l'île Alexandre, la plus grande des îles antarctiques dont Charcot établit le relevé avec précision -de même que celle plus au sud qu'il découvrit et qui porte son nom- au cours de cette même expédition. Entre les deux, Adélaïde Island et Marguerite Bay, but ultime de notre voyage si les glaces le permettent.
Encadrement
A terre, la caravane bénéficiera de l'appui logistique de notre bateau : le Kotick Toute activité technique sera encadrée par Paul Pellecuer, guide de haute montagne, dont l'expérience acquise au cours de vingt années d'expéditions dans le monde entier - dont deux plus récentes, en 2004 et 2006 en Géorgie du Sud (Mer de Scotia)- représente un capital important et une connaissance particulière de ces latitudes. Dans ce travail Christian Juni, l'un des trois créateurs de TIRAWA l'assistera. A l'égal, son expérience et sa connaissance du monde de la montagne et de l'organisation d'expéditions diverses dans le monde entier contribuera à la réussite de ce voyage d'exception. Si les alpinistes, partent en "Terra Incognita", il n'en sera pas de même pour le skipper dont le passé et l'expérience ne peuvent que venir au crédit de cette entreprise. Alain Caradec est le skippeur du "KOTICK". Il a participé à de nombreuses expéditions mer/montagne dont plusieurs en Péninsule Antarctique. Installé en Terre de Feu où il vit et navigue depuis plus de vingt années, il est l'un des précurseurs des charters en Antarctique, grand marin, parmi les meilleurs spécialistes de l'Atlantique Sud et propriétaire de son bateau, le Grand Sud lui est familier. KOTICK est un "Damien II" de 16 mètres récemment réaménagé. Cotres d'acier parfaitement adapté à la navigation australe, il est doté d'une quille relevable et équipé de cabines simples ou doubles permettant de recevoir au maximum 6 passagers.
Programme au jour le jour
19/02/10 : vol au départ de France le soir sur Iberia (via Madrid).
20/02/10 : arrivée à Ezeiza (aéroport international de Buenos Aires) le matin vers 10h00, transfert dans le centre ville de Buenos Aires. Petite visite du centre ville. C'est l'été en Argentine.
21/02/10 : transfert matinal à Aeroparque (aéroport domestique de Buenos Aires), vol vers Ushuaia. Le temps y sera certainement moins clément que dans la capitale. Installation pour trois nuits dans un hôtel de la ville.
22/02/10 : Ushuaia, préparation pour l'embarquement. Deuxième nuit à Ushuaia.
23/02/10 : Ushuaia, préparation pour l'embarquement. Troisième nuit à Ushuaia.
24/02/10 : départ de l'expédition (nuit à bord) ...
25/02/10 au 31/03/10 : Expédition en Antartique ...
Le voyage
Quatre ou cinq jours de navigation seront nécessaires pour atteindre la Péninsule. Puis, dans une sorte de pèlerinage sur les traces de Charcot, nous découvrirons petit à petit au cours de sauts de puce successifs vers le sud, la "Terra Australis" et ses îles légendaires. Nous pratiquerons le cabotage, progressant de mouillage en mouillage et fabriquant notre route au gré des glaces et de nos envies. Nous nous livrerons ainsi à l'exploration polaire au long de cette Terre de Graham qui s'érige en muraille et s'étage jusqu'à 2500 mètres, au cours d'étapes de durée variable, retrouvant à chaque fois, ici ou ailleurs, tel un refuge, le bateau et son confort... La progression s'effectuera à ski de randonnée, avec ou sans pulka, sur d'immenses systèmes glaciaires où tous les dangers inhérents à ce type de terrain (crevasses...) sont à envisager. Cette activité n'aura cependant pas de caractère obligatoire, chacun décidant librement d'y participer ou de rester sur le bateau où d'autres activités seront possibles. Les étapes seront définies sur place, au vu du groupe, sans jamais excéder les capacités de chacun. Si l'objectif envisagé était par trop éloigné, des camps intermédiaires (tentes d'altitude) seraient alors disposés afin d'en minimiser les étapes. Au cours de ces journées, aucune prouesse technique ne sera tentée. Si ces activités, à l'égal de toute pratique du ski alpinisme requièrent un niveau de ski avéré (toutes neiges, tous terrains) et la maîtrise parfaite des techniques alpines (cramponnage, usage du piolet, maniement des cordes etc.), la recherche systématique de la sécurité sera le maître mot. La "conquête" à tout prix n'est pas l'objectif de ce voyage.
Les conditions climatiques
Nul doute que nous soyons contrariés... * La mer peut être terrible, outre les tempêtes, plus particulièrement au niveau du front polaire (Polar Line) qui est la zone de convergence des eaux plus froides et plus douces coulant de l'Antarctique vers le nord et des eaux plus chaudes et plus salées coulant vers le sud en provenance des océans Atlantique et Pacifique. Et le mal de mer de suivre... * Les glaces, au-delà de toutes les prévisions, peuvent envahir les côtes, nous empêcher d'approcher des terres ou nous interdire certains accès. Nous devrons composer avec cet élément que nous rencontrerons nécessairement au cours de notre périple. Il faudra alors savoir reconsidérer le déroulement du voyage, improviser et faire contre mauvaise fortune, bon coeur... * Les intempéries pourront être particulièrement violentes. Blizzards, froids intenses, mauvaise visibilité, chutes de neige, tout est envisageable à ces latitudes et rien ne nous sera épargné. La meilleure parade consiste à le savoir et y faire face en toutes circonstances sachant que l'inéluctable ne peut... qu'arriver. Moralement, psychologiquement et physiquement nous devrons être prêts à affronter ces turbulences.
La vie à bord
Elle y sera douce. Que ce soit sous le cockpit en cours de navigation, de retour de montagne réunis au chaud dans le carré, ou à la manoeuvre sur le pont. Mais il s'agit là d'un univers confiné où chacun devra vivre en compagnie des autres et considérer que tout mot malheureux ne pourra qu'être l'expression de la fatigue... La nuit, chacun prendra son quart ou y participera selon les instructions du skipper et tous participeront quotidiennement à l'entretien et à la bonne marche du bateau. Le bateau comprend un certain nombre de commodités (chauffage, douche, toilettes...). Et il en est une nécessaire dans nos vies quotidiennes mais inutile là-bas : la machine à laver ! En effet, on ne transpire pas en Antarctique et l'environnement n'est ni graisseux, ni poussiéreux Aussi, si quelques petites lessives s'avèrent nécessaires, elles s'effectueront individuellement, à la main. L'Antarctique est un continent propre et les lessives sont polluantes...
01/04/10 : fin de l'expédition. Débarquement à Ushuaia. Nuit d'hôtel à Ushuaia. Retour sur le plancher des vaches. Il est quasi sur que nous aurons ... le mal de Terre !.
02/04/10 : vol de retour vers Buenos Aires. La douceur, les filles en mini-jupes, le vin rouge, les steaks grands comme des assiettes. Manqueront à l'appel les vagues et les hurlements du vent ! Nuit entre des draps frais.
03/04/10 : balades à Buenos Aires. En fin de journée, transfert à Ezeiza et embarquement sur un vol de retour vers la France.
04/04/10 : arrivée dans la soirée en France. La vie "normale" reprend son cours !